Le Hobbit, La désolation de Smaug (en "qui-fait-pas-mal-aux-yeux-et-à-la-tête")
Globalement, les "pas-affiliés-aux-forces-du-mal" (mais qui sont pas forcément gentils quand même), terminent ce film sur des échecs; en gros, tout a foiré. C'est une construction classique pour le deuxième volet d'une trilogie, mais, le ratage est tellement intégral que c'en est quasiment parodique. J'ai plutôt apprécié cet aspect, c'est assez bien amené et on n'en ressort pas avec un goût de cendre dans la bouche.
Sinon, Peter Jackson est toujours aussi obsédé par les sauts en profondeur, ça en devient, sur un plan purement visuel, une marque de fabrique. Les mêmes genre de plans vus en 3D lors du Hobbit 1 ne m'avaient pas impressionné en ce qui concerne l'usage de cette technologie, je ne doute pas que ce soit à peu près pareil ici; mais quoi qu'il en soit, ça rend très bien.
Autre obsession de PJ: le surf-sur-trucs-improbables; après avoir réussi à faire passer la pilule du bouclier et de la trompe d'éléphant dans le SdA (et ce avec un certain brio selon moi), PJ se lâche et y passe tout l'inventaire, ainsi que le manuel des monstres: branches, tonneaux, orques, bateaux, nains, tas d'or, etc. Etait-ce bien nécessaire?
Pour les autres qualités, les décors sont toujours aussi bien fichus, la scène avec les araignées fonctionne vraiment très bien, smaug a pas mal de gueule (suffisamment organique et expressif pour qu'on y croit tout en restant suffisamment inhumain pour qu'il soit naturellement menaçant) et j'ai beaucoup aimé la forme prise par Sauron et le lien de celle-ci avec l'oeil...
Les dialogues et les sentences à tendance dramatique sont le plus souvent ratées, notamment celles qui viennent ponctuer un plan ou une scène ("Qu'avons-nous fait?", etc.) et celles qui concernent la curieuse relation entre Kili et Tauriel (ça part très bien et ça devient vite ridicule); non seulement les dialoguistes auraient dû s'en rendre compte à l'écriture, mais la plupart de ces interventions auraient pu être coupées au montage sans changer l'équilibre des scènes concernées, il y a donc une critique en cours de post-prod qui n'a pas été faite.
Ce qui n'aide pas à rendre crédible les scènes dramatiques, c'est que les acteurs surjouent un peu (il y avait quelques moments comme çà dans le SdA, mais là, il faut croire qu'il y avait un concours organisé pendant le tournage), notamment les elfes; mais je pense que la nullité des répliques qu'ils avaient à dire ne les a pas aidé à jouer juste.
La scène dans la forêt est expédiée; dommage, c'est une des (rares) réelles tensions du roman. Béorn est montré sous un jour trop spectaculaire, mais bon... La scène des tonneaux ne fait pas le choix entre farce et montée en tension; du coup, elle est ridicule, pas crédible et n'a aucun sens dans le récit hormis pour faire du fan-service.
Plus globalement, malgré la prise de distance par rapport au roman, le film est assez répétitif; pas chiant pour autant, mais bon, les ficelles et les procédés ne se renouvellent pas beaucoup.
A propos de la fidélité à Tolkien, c'est un point dont je me contre-branle; je dirais même que, vu la qualité littéraire très discutable du roman, le fait que le film prenne des libertés me semble plutôt une bonne chose (Alors que sur le SdA, les ajouts me semblaient, à quelques exceptions près, plutôt malvenus).
Un point sur lequel le film reste très fidèle au roman, c'est la stupidité des nains, qui font n'importe quoi et ce aussi souvent que possible; et c'est dommage, car une telle nullité, au delà du fait qu'elle en devient agaçante pour le spectateur humain (par contre, les enfants de la salle ont beaucoup apprécié, le syndrome Jar-Jar Binks probablement), aurait du interpeller Gandalf sur l'énorme probabilité de fiasco de l'opération... Bref, les nains sont pensés pour être marrants; ce n'est pas lié à leur physionomie ni à leur culture, mais au fait qu'ils sont filmés comme des personnages d'une vulgaire farce; autant on peut supporter un Jar-Jar Binks (bon ok, mauvais exemple, disons plutôt un Ron Weasley... en fait, non, mauvais exemple, mais bref, vous m'avez compris), autant quand il y en a 8 ou 9 à l'écran, ça devient nain-porte-quoi (et en plus ils surjouent la farce, comme les elfes surjouent le drame).
Finalement, ce que j'ai préféré dans le récit, ce sont les ajouts concernant les agissements de Gandalf et Radagast contre Dol Guldur. Cela étoffe les enjeux de l'histoire et contextualise énormément la quête des nains dans un ensemble géopolitique (et ça nous fait respirer entre deux grimaces d'un nabot ou deux "regards-qui-en-disent-longs" d'un bouffeur de salade). Bref, on sent vivre la terre du milieu, et c'est réellement un énorme plus.
Bon, ceci dit, on ne s'ennuie pas hein