Carnets de route de Sulamith, Coureuse de la Cendre
Le bâton de mon père est accroché au-dessus de la porte, comme il l’était avant qu’on nous sépare. Mes souvenirs d’enfant sont brouillés, mais de cela je suis sûre. Ce bâton de bois sombre, avec un lacet de cuir attaché en haut, comme un lambeau de bannière.
Cela fait une éternité que je suis là , dans cette maison, à regarder ce bâton comme si il allait me parler. Me dire ce qu’a vécu mon père pendant toutes ces années. Ce bâton qu’il a tenu quotidiennement, quand il ne pouvait pas tenir la main de sa fille.
Le visage de mon père est flou dans mon souvenir. Dix ans après, il se confond avec le visage des hommes que j’ai côtoyé à la Tour. Je l’avais déjà perdu de vue quand j’ai rencontré cet homme, ce Sage. Avec mon père, il est le seul homme à avoir jamais osé toucher mes cheveux. Mes cheveux de cendre. Lui était comme mon père, lui n’en a jamais eu peur, c’est pour cela qu’il est venu à moi. Et aujourd’hui, je ne sais pas si je le reverrais. Le cadeau qu’il m’a fait dort dans ma chair, et grâce à lui je transmets la lignée de mon père. Mais ce n’est pas à lui, ni à mon père que je dois penser maintenant. Le passé est mort, enterré dans le cimetière du village. L’avenir n’a pas encore de visage, pour l’instant, il a la forme de ce bâton. Ce bâton je le décroche maintenant, puisque l’heure est venue. Maintenant nous avons la même taille lui et moi. J’ai grandi, il ne me donne plus l’impression de frotter les nuages pendant la marche, comme quand j’étais enfant. Mais en refermant ma main sur lui, je souhaite qu’un jour mon enfant ait cette impression. Je n’ai pas le choix. Il me faut prendre ce bâton puisque je ne possède rien d’autre. Puisque nous ne possédons rien d’autre.
C’est en 542 que commence cette histoire. Je venais d’apprendre que j’attendais un enfant, et que mon père était mort. Quittant la Tour des Sages pour, comme ils le croyaient, le temps de ma grossesse, j’avais rejoint Ricovero, le plus grand havre des Principautés Orientales, le lieu où j’avais vu le jour. Une maison vide m’y attendait. Mon père était mort depuis plusieurs années. C’est là que j’ai su que je ne retournerai pas à la Tour. Que je ne laisserai personne me prendre mon enfant comme on m’avait prise à mon père, ce père mort sans m’avoir revue. Puisqu’il me fallait gagner ma vie et surtout m’en construire une autre, j’avais décidé de reprendre la profession de mon père : je connaissais suffisamment bien la Cendre pour prétendre à être guide. Et c’était en voyageant que je pouvais espérer trouver un endroit où les Sages ne me retrouveraient pas.
C’est semble-t-il par hasard qu’un soir je fus invitée à la table du seigneur Marco Ascoltar, dirigeant de Ricovero, connu pour inviter régulièrement les itinérants chez lui afin d’avoir des nouvelles du monde. La soirée fut sans histoire. Je n’avais encore jamais eu l’occasion de voir cet homme de près et je fus frappée par son habileté car, sans rien dévoiler de lui, il savait nous amener à beaucoup dévoiler sur nous. Mais ce n’est qu’à la fin du repas qu’Ascoltar nous révéla le pourquoi de cette soirée. Nous n’avions pas été choisi par hasard car cela faisait un temps qu’il nous faisait observer. Il avait besoin de voyageurs pour une mission de renseignements. 1000 Dragons d’or par tête et toute sa reconnaissance à la clé.
L’énormité de la somme me rendit méfiante, mais avoir un homme aussi influent pour obligé était une chance que je ne pouvais refuser : son réseau de relation (en l’occurrence la Udire…) pouvait m’aider à échapper aux Sages. Et la perspective de rentrer dans la Udire à terme me plaisait : pour moi, c’était une fenêtre un peu plus réjouissante sur l’avenir qui s’ouvrait. Voilà pourquoi, même si je ne le montrais pas, j’avais déjà accepté. Quand au contenu de la mission… je ne fus pas surprise d’apprendre que cela touchait aux morts-vivants, mais de la « Caravane Cendrée », je n’avais jamais entendu parler.
Les soupçons du seigneur Ascoltar se basaient sur des rumeurs mais surtout sur une lettre, trouvée sur un Infectieux errant, révélant l’existence de cette Caravane de Non-Morts, errants sur les routes à la recherche de gemmes et de vengeance. L’auteur de la lettre, Sage du havre de Thelem l’avait écrite alors qu’il était assiégé. Il accusait son oncle, Ayroles d’avoir livré sa mère aux Infectieux pour prendre le contrôle du havre d’Etel. Et il expliquait qu’elle se trouvait à la tête de la Caravane et ne quitterait la région qu’une fois vengée. Au moment où nous parlions, Thélem était tombée depuis l’automne. Ascoltar nous demandait donc de vérifier le contenu de cette lettre, de retrouver les personnages qu’elle évoquait et de collecter toutes les informations possibles sur la Caravane.
Mission de renseignement donc. Pour des raisons sans doute très diverses, nous avons tous accepté. L’itinéraire choisi a été celui du Mont Muraille, la cité de Kaliss étant peu indiquée pour certains d’entre nous... Je prends ici quelques lignes pour décrire ce « nous », puisque nous allions ensemble nous jeter sur les routes. Il y avait d’abord Breigan, un homme plutôt fin et qui semblait savoir se tenir en société, ce qui ne court pas les rues. Ensuite Drevun, un homme aux cheveux déjà grisonnants. Un homme mystique et plein d'espoir pour l'avenir de l'humanité. Et prêtre accessoirement. Il y avait aussi Antonio, un aventurier qui ne m’inspirait pas beaucoup confiance, et enfin Monsieur Ug, étrange personnage dont nous allions bientôt découvrir les talents de nécromant.
Nous avons pris une caravane 3 jours après avoir été recrutés. Elle comptait une cinquantaine de personnes et faisait la route vers Ampio. Le voyage s’est plutôt bien passé, avec les incidents habituels de la Cendre, dont Breigan, Drevun, et moi-même avons fait les frais. A cette occasion, nous nous sommes vite rendus compte que notre ami Breigan possédait une mystérieuse outre vraisemblablement enchantée pour purifier l’eau, accessoire qui allait se révéler fort utile pour tout le groupe. Ampio est une ville assez lugubre et plutôt vide d’habitants. Il fallut pourtant y rester le temps de trouver une caravane en partance pour le nord. Finalement, un groupe de 9 personnes se présenta à nous. Composé de novices de la Cendre (dont principalement une demi-douzaine de mercenaires), il cherchait d’autres guides. Pour 20 DO, nous n’allions pas refuser cette aubaine. Le voyage se passa bien, malgré un branle-bas de combat quelque peu exagéré la première nuit pour ce qui ce révéla n’être qu’un zombi solitaire… Des hurlements retentirent au loin durant la troisième nuit, mais il ne nous arriva rien.
Murailles:
Le groupe de mercenaires nous quitta peu avant Murailles pour continuer vers Kaliss. Le havre de Murailles mérite ici quelques lignes de description : il est scindé en deux parties. La première, « l’extérieur » est une grande cour protégée par d’épaisses murailles. L’autre, « l’intérieur », est une immense salle carrée creusée dans la montagne. Le havre compte 140 personnes, il est dirigé par Maestro Liggoni et son aide de camp Karl. Autre personnalité importante : Darius, de la Guilde des Marchands, qui gère les esclaves.
Mais en arrivant, nous nous sommes vite rendu compte que nous venions de nous jeter dans un piège. La ville était assiégée depuis plusieurs mois par des Infectieux menés par des Goules qui rendaient toute sortie impossible. Par chance, ils n’étaient pas là quand nous sommes passés (ce qui expliquerait peut-être les hurlements de la nuit précédente), mais toute sortie nous était à présent interdite. Autre sujet d’inquiétude : Quelques temps auparavant, un messager avait été assassiné dans l’enceinte-même de la forteresse. Et deux jours avant notre arrivée, le seul jeteur de sort, Pietro, avait disparu sans laisser de traces. Disparition troublante, puisqu’elle donna lieu à un jour de relâchement du siège, celui qui nous a permis d’entrer sans croiser d’Infectieux. Liggoni semblait redouter un traître dans ses murs.
Au lendemain de notre arrivée, la rumeur nous appris deux nouvelles disparitions:: une sentinelle sur le rempart, Rudolf, et Yuri, le fils du forgeron. Nous avons d’abord enquêté parmi les enfants, qui ne semblaient rien savoir du gamin, même si une petite esclave du nom de Tilia retint notre attention : elle avait peur. Mais peut-être juste de nous. Nous avons eu plus de succès avec Rudolf, dont Antonio a retrouvé le corps en bas des remparts, corps soigneusement décapité. C’était donc bien un assassinat. Mais toujours aucune trace de l’enfant. Nous avons alors fouillé la chambre de Pietro, le premier disparu. Une vision me montra que peu avant sa disparition, il avait énormément écrit. Je trouvais une cinquantaine de pages dont l’encre était peu ancienne. Compulser les documents nous prit la nuit. Nous avons identifié des formules d’incantations pour changer la terre en air, ainsi que d’étranges dessins d’un visage d’une grande froideur. Au matin, la rumeur se répandit que la petite Tilia avait disparu à son tour.
C’est alors que nous avons enfin trouvé ce que nous cherchions : une sorte de plan sur les documents, indiquant une crevasse de la caverne, ainsi qu’une flèche tracée à travers la roche. Il nous fallu un certain temps pour trouver l’endroit exact sur le terrain. Il s’agissait finalement d’un conduit rond, très probablement d’essence magique, qui s’enfonçait dans la roche. Au mépris de toute prudence, Antonio, Ug et Drevun descendirent… pour remonter très vite en hurlant : le conduit menait à une grotte. Et dans la grotte, une liche.
Certaines choses s’expliquaient. La liche avait sans doute attiré Pietro à elle pour se nourrir, profitant de ses talents de jeteurs de sorts. Puis, elle a attiré à elle des personnes influençables : Yuri et Tilia, pour se nourrir de leur force vitale. C’est bien son visage que représentaient les dessins de Pietro. Mais cela n’expliquait toujours pas le meurtre de Rudolf. Nous avons donc interrogé plus sérieusement les suspects de cette nuit-là . Un des esclaves les plus charismatiques, Jalann, était en tête de liste. Drevun, étant médecin, en profita pour l’examiner et vit qu’il était gravement blessé au ventre. Comprenant qu’il était découvert, il tenta de s’évader en prenant un otage, mais un bon sort de sommeil le calma, et il fût possible de l’interroger. Animé par la haine et la volonté de sortir de sa condition, Jalann avait été contacté par les Goules menant les Infectieux. Il leur faisait passer des messages à l’aide d’une sarbacane. Rudolf l’ayant un jour surpris, il l’a tué, tout comme il avait tué le messager pour l’empêcher de rompre le siège.
Le traître étant identifié, il nous fallait prendre une décision. Nous avions de bonnes raisons de penser que les Infectieux étaient là pour la liche, pour détruire cette créature pré-pandémique. Pour pouvoir traiter avec eux et sauver la population, la décision fût prise de tenter de leur livrer la liche. Liggoni, Karl, et leurs soldats se joignirent à notre groupe. Je ne les ai pas suivi dans la grotte. Je n’étais pas responsable que de ma vie... Pendant leur absence, j’ai fait évacuer la grande salle pour éviter que la liche se nourrisse avec les âmes présentes. Puis j’ai attendu avec des guérisseurs. Quand les hurlements nous appelèrent enfin, le spectacle n’était pas beau à voir. Ils avaient fini par trouver le cristal et détruire la liche, mais à quel prix ! Karl et ses soldats étaient morts. Liggoni avait la moitié du visage arraché. Antonio était dans un coma profond dont on ne put le tirer. Drevun et Ug avaient failli y rester. Mais la liche avait été vaincue. Après avoir soigné les blessés (Antonio ne devait sortir de son coma que bien plus tard, et très perturbé...), nous pouvions nous attaquer à la suite du programme. Nous avons utilisé la sarbacane de Jalann pour prendre contact avec les assaillants. Le résultat ne se fit pas attendre : le loup sortit enfin du bois, et ce loup était un vampire.
Le vampire voulait Murailles. Nos efforts face à la liche lui ayant évité un pénible combat, il accepta de nous laisser 3 jours d’avance pour évacuer la cité sans jeter les Infectieux à nos trousses (Infectieux par ailleurs occupés à massacrer Jalann. L’échec n’est pas pardonnable, à ce qu’il semble.)
C’était une chance à ne pas laisser passer. Tout le havre prit la fuite en direction d’Ampio. Nous avons au passage exigé que les esclaves soient affranchis (vus les arguments employés par mes compagnons, j’ai pu constater que je n’étais pas la seule à haïr les marchands d’esclave dans ce groupe). Nous sommes alors partis de notre côté, direction Lumir, accompagnés de deux esclaves préférant nous suivre, Tob et Le Fort, infirmiers de leur état. Le vampire tint sa promesse: 4 jours plus tard, nous avions atteint Lumir sans encombres.
Lumir:
Une fois à Lumir, nous avons appris des nouvelles d’Etel. Elle avait changé de dirigeant depuis fin décembre, Ayroles ayant disparu lors d’une expédition vers la source de la rivière Dormante, expédition décimée par des zombis… Le havre est depuis dirigé par son secrétaire, un semi-homme. Même si nous n’avions aucune preuve, il était désormais presque certain que la vengeance de la Caravane était assouvie. Par ailleurs, elle semblait avoir quitté la région depuis fin décembre...
Notre séjour à Lumir a été consacré à tirer Antonio de son coma. Par l’intermédiaire d’un médecin, nous avons pu engager un troubadour qui ressemblait fort à un mage. Il a joué un jour et une nuit complète, ses doigts en saignaient sur sa viole. Et au matin, Antonio s’est enfin réveillé... Mais j’ai comme dans l’idée que son éprouvante expérience lui a laissé des traces…
Dans le même temps, nous avons pris contact avec Karol, un des témoins de la lettre, aujourd’hui chef de la Guilde des Forgerons de Lumir (ce qui n’est pas étonnant vu la qualité de son travail... J’en ai profité pour faire adapter une lame sur mon bâton.) Karol a confirmé son témoignage et nous a confié avoir déjà été interrogé quelques mois auparavant par des inconnus sur le même sujet. On pouvait donc faire l’hypothèse suivante : les partenaires commerciaux d’Ayroles ont fait vérifier les informations de la lettre. On peut ensuite imaginer qu’ils se soient arrangés pour envoyer Ayroles hors des murs. Ce dernier, n’ayant pas reçu sa lettre (puisque c’est nous qui l’avons) ne s’est pas méfié, et la Caravane lui est tombé dessus. Ensuite, nous avons eu la chance de rencontrer Lauss, un autre des témoins de la lettre. Ce demi-elfe spadassin menait en fait son enquête sur la Caravane depuis des années : il a cherché à reconstituer son parcours, retrouvant des traces de son passage jusqu’à Port-Franc. Il a confirmé son témoignage et nous a conseillé de chercher là où lui n’avait pas eu le temps de le faire : au niveau des frontières entre Joal, Aqual et les Duchés. De plus, il nous a appris que la Caravane serait partie vers le Sud, en rasant les montagnes. Lui pense qu’elle serait partie vers les Terres de Jade.
Trop malade pour poursuivre seul, il nous a signifié être prêt à nous accompagner si d’aventure nous partions à sa poursuite dans les Terres de Jade...
Mais ce n’était pas dans nos projets immédiats. Tout d’abord il nous fallait retrouver Kurt, le seul témoin direct de la lettre. Nous pensions le trouver au havre de Cascade, à 2 jours de marche de Lumir.
Cascades:
Arrivés à Cascade, havre presque imprenable du fait de sa position sur un piton rocheux au centre d’une cascade, nous avons appris que Kurt ne commerçait plus avec la ville, et qu’il était sûrement parti dans les Duchés. La piste se perdait dans le flou, nous avons donc pris la décision de suivre le conseil de Lauss, et de faire route vers Marneburg. Mais après une nuit à l’auberge, nous avons été réveillés par la cloche d’alerte. De gros blocs de glace flottaient sur la rivière, menaçant les ponts du havre. Le seigneur Sidault, dirigeant du havre, a alors réclamé une expédition pour remonter vers l’amont et découvrir ce qui s’y passait. Pur 100 DO, nous avons accepté la mission. Avant notre départ, Drevun et moi avons fait une étrange rencontre. Une vieille femme marmonnait en nous regardant, manipulant une boule colorée portant la marque du Dieu Dalann, dieu du feu et de l’eau. Assez sénile, elle ne su que nous répéter que les gorges étaient interdites. Drevun parvint à la convaincre de nous confier son amulette, décision qui allait nous sauver la vie.
La remontée de la rivière nous prit cinq jours et fut très difficile, la température baissant graduellement, accompagnée de tempêtes de cendre. Plus nous avancions, plus la rivière était prise dans une étrange glace veinée de bleu. Nos mages l’identifièrent comme de l’eau élémentaire, ce qui est impossible à créer depuis la disparition des dieux. A partir de ce moment, Drevun entra dans une transe mystique qui n’alla pas en s’améliorant... Sur la route nous avons trouvé les ruines d’un village avec un temple de Dalann dont les fresques étaient intactes. Le disque de la vieille femme venait de l’autel. Voulant dormir nous nous sommes installés dans ce temple, mais bien mal nous en pris. Toute la nuit le temple fût parcouru de fantômes, rejouant la scène de la destruction du village par des Infectieux. Une prêtresse en réchappait, fuyant avec la sphère de l’autel: sans doute la mère de la vieille, vu la ressemblance... Arrivant aux gorges, nous avons découvert une chute d’eau glacée, s’échappant d’un lac glacé. Pris sous la glace du lac, des centaines de zombis s’agitaient faiblement sous nos pas. Et patrouillant sur la glace, armés d’épées de cristal, il y avait cinq élémentaires de glace.
Ces choses ne sont plus sensées exister depuis le départ des dieux. Drevun exultait, persuadé qu’ils étaient de retour. Brandissant la sphère, il s’avança. A la vue du symbole, les élémentaires nous ont laissé passer au lieu de nous attaquer. Ils nous ont menés au fond de la combe, à un temple de Dalann taillée dans la falaise. En son centre, une flamme bleue dansait dans une vasque. Là se tenaient trois femmes qui n’en étaient qu’une seule. L’enfant, la femme et la mère, le visage de la vieille femme de Cascade à trois âges de la vie. Quand elles parlaient, l’enfant commençait les phrases de la femme, et la vieille les finissait. Elles se nommaient Laathen, se présentant comme « la fille, l’épouse et la mère des gorges de Dalann », envoyée par Dalann pour veiller sur les gorges, bien avant les pandémies. La discussion ne fût pas facile : bloquée ici par le départ des dieux, Laathen ignorait ce qu’était un vivant, la Non-Mort ou le monde extérieur. Attaquée régulièrement par les zombis, Laathen a un jour (à priori à l’automne dernier) vu l’un d’entre eux projeter une matière gris et nauséabonde sur un des élémentaires qui s’attaqua alors au temple (un de ceux de la Caravane donc…). Elle a eu beaucoup de mal à détruire l’élémentaire corrompu. Pour protéger la vallée, elle l’a donc recouverte de glace. Mais cela lui a demandé un tel effort qu’elle ne contrôle plus le processus, et ne peut rien faire pour Cascade. Il n’y avait que deux solutions. Pour sauver Cascade, il fallait souffler la flamme de Dalann pour détruire Laathen et toute cette glace. Et ainsi détruire une des dernières traces de vie intacte dans ce monde en train de mourir. Ou alors ne rien faire, et perdre le havre de Cascade. Nous avons choisi la seconde solution.
Cascade était presque entourée par les glaces quand nous y sommes retourné. Perdant la protection de l’eau, le havre perdait tout intérêt... Et nous avons repris la route de Marneburg.
La route de Marneburg:
Le voyage démarrait plutôt bien, malgré une grippe violente, souvenir que je ramenais de notre expédition dans les glaces. La deuxième nuit, lors d’un bivouac dans la forêt, nous entendîmes des bruits de pas traînants : les éclaireurs découvrirent vite un groupe d’une quinzaine de zombis errants dans les bois. Même si ils se rendirent compte de notre présence, nous eûmes tout le temps de fuir et de mettre une bonne distance entre eux et nous. Plus de peur que de mal donc, même si mon premier mouvement de panique me provoqua une première crise de vomissement qui finit par inquiéter mes compagnons.
La troisième nuit fût beaucoup plus longue. Six squelettes en armes attaquèrent notre campement. Il fût difficile de les mettre en pièces et Antonio se fit éventrer, ce que la magie de mes compagnons pu heureusement soigner. Monsieur Ug, lui, a véritablement frôlé la mort en se faisant égorgé. J’ai pu le sauver de justesse. A la fin du combat, mes vomissement reprirent, et Drevun, notre médecin ne pouvait plus ne pas en deviner la cause. Comme je ne voulais pas tout de suite mettre les autres au courtant, il me promit le secret. Même si ce n’était pas volontaire, sa découverte me soulagea du poids de mon secret. Je savais désormais qu’il comprendrait mieux mon comportement. Et en cas de malheur, il saurait m’épargner l’horreur d’une non-morte portant la vie.
Après tant d’émotions, nous avons repris la route de Marneburg et nous sommes retrouvés en pleine tempête de cendre. Une journée et une nuit entière il nous fallu marcher sans prendre de repos. Enfin, au matin du second jour, alors que la tempête ne faiblissait pas, un village en ruine se dressa sur notre chemin. Nous avons alors profité de quelques heures de repos dans une maison. Jusqu’au moment où la porte fût enfoncée par quatre Infectieux, bientôt suivis de six autres. Les mots écrits ne peuvent exprimer la peur. Je résumerai donc le combat d’une façon bien froide comparée à la façon dont nous l’avons vécu. Tob et Le Fort ont rejoint la Non-Mort et nous les en avons aussitôt libéré. Monsieur Ug a été mordu au doigt et se l’est aussitôt coupé. Antonio a eu le visage largement balafré, mais heureusement pas mordu. Quant à moi j’ai du me couper la main gauche, mordue, pour échapper à la Non-mort. Drevun a été mordu à la tête. Mais alors qu’il était perdu, il a échappé à la Non-Mort. Alors que le combat était à peine terminé, et que nous nous préparions déjà à le décapiter, un miracle se produisit. La maison tremblait alors qu’il priait. Bientôt son corps se mit à absorber ses vêtements et tout ce que son corps touchait. Et lorsque tout ce calma, il était bien vivant. Assez secoué mais vivant. J’en avais déjà entendu parlé, mais je ne l’avais jamais vu de mes yeux: un Miracle non-contrôlé. Notre ami prêtre est donc un faiseur de miracles. On peut dire qu’il a de la chance que je sois la seule Sage à connaître son secret... Un secret pour un secret, cet homme pouvait peut-être m’aider. Le marché fut simple : son aide pour trouve une nouvelle vie contre mon aide pour éviter qu’il ne se détruise lui-même par des miracles non-controlés.
Rêves d’émeraudes:
Le lendemain la tempête daigna enfin se calmer et nous avons pu reprendre la route de Marneburg. Au bout d’une journée de marche nous avons retrouvé le reste de la route pavée menant de Kaliss à Marneburg. Alors que la route longeait une forêt, nous avons pu apercevoir un bosquet plus dense à une quinzaine de mètres de la lisière. En explorant un peu nous avons découvert un petit temple caché par la végétation. Ses ouvertures basses étaient obstruées et sa porte avait été partiellement murée : le refuge idéal pour la nuit. A l’intérieur toutes les inscriptions avaient été grattées, comme un peu partout sur Ordann. Nous nous sommes donc installés là pour la nuit. Mais à peine le premier tour de garde avait-il commencé qu’on frappa à la porte. A l’extérieur, un très vieil elfe qui nous demandait l’hospitalité pour la nuit. Après les vérifications d’usage, nous l’avons laissé rentrer. Il disait s’appeler Agilvarus, voyageur errant sur les routes pour retrouver les portiques donnant accès au havre secret qu’il avait commis l’erreur de quitter. Il avait un léger accent que je ne pouvais identifier. Né avant les pandémies, il sut identifier le temple comme celui de Binhildis, demi-déesse fille de Faylend déesse du hasard et de la fortune.
Voulant chercher des clés dans le temple, il nous demanda la permission de procéder à un rituel. Il ne semblait pas avoir conscience des risques qu’il prenait. Ce n’est que parce que j’avais l’intention de quitter la Tour que je l’ai laissé commettre cet acte. Mais lorsqu’il a jeté une certaine poudre dans le feu qui brûlait dans la vasque centrale, nous avons tous eu une vision extraordinaire. Brusquement, le temple semblait neuf. Breigan eu le réflexe de sortir dehors et vit un ciel qu’aucun d’entre nous n’avait jamais vu: avec des étoiles. Nous étions ramenés avant le temps des pandémies. Et au milieu de la vasque, les flammes nous offraient la vision d’une demi-elfe d’une grande beauté, allongée dans un cercueil de glace, entourée de fourrures. Elle ouvrit les yeux et nous adressa un merveilleux sourire. Puis cette vision se délita, et à la place apparut un homme cadavérique sur un trône d’os, jouant avec un crâne. Il nous jeta un regard épouvantable, comme s’il scrutait à travers nous. Cette image s’effrita pour laisser place à un troisième personnage : une jeune fille aux yeux pourpres courant dans les rues humides de Port-Franc. Et tout aussi soudainement, la vision disparut. Nous étions de nouveau dans la Cendre. Et quelle ne fût pas notre surprise quand l’elfe prétendit ne rien avoir vu, persuadé que son sort avait échoué. Il se défendit d’être la cause de notre vision et, visiblement très déçu, préféra repartir aussitôt dans la nuit. Très étonnés de ces évènements, nous nous sommes tous recouchés.
Mais peu de temps après, on frappa de nouveau à la porte. Six cavaliers venaient de sortir de la nuit. Leur chef, Beltrane, se présenta comme l’envoyé du seigneur Enrique du havre de Gutiré de la Côte Déchirée. Ils cherchaient notre elfe, accusé d’être le collaborateur responsable de la chute du havre de Slavak. Très surpris et plutôt méfiants, nous lui avons permis de vérifier l’absence de l’elfe, puis de passer la nuit dans le temple, sans lui dire que l’elfe nous avait rendu visite. Parmi les cinq cavaliers suivant Beltrane se trouvait notamment un Sage-Inquisiteur, le frère Arvin qui interrogea tout le monde en restant cependant courtois. Parmi eux se trouvait également une elfe, Griffrethiann, qui semblait avoir des motifs personnels pour poursuivre Agilwardus. Nous avons alors tenté de continuer notre nuit malgré la toux de l’elfe. Pour être de nouveau interrompu par les guetteurs : une centaine d’Infectieux convergeaient vers le temple, certains armés de branches et de cailloux. Un globe lumineux flottait dans les airs à quelques distances, semblant d’une manière ou d’une autre guider leurs mouvements. Nos magiciens parvinrent à le détruire en le bombardant de boules de feu, mais sentant la chaire fraîche, les Infectieux ne s’arrêtèrent pas pour autant. A coup de flammes, de pierres et de flèches, nous avons réussi à briser la première vague. Mais des centaines d’autres arrivaient, comme naissant au fur et à mesure de la forêt.
En désespoir de cause, le groupe se mit à chercher un moyen de s’évader. Et c’est ainsi que nous sommes tombés sur un passage secret permettant de rejoindre le haut de la coupole. Nous sommes montés à plusieurs, espérant s’échapper par les arbres, ce qui s’avérait impossible à cause des amas de cendre.
Mais là haut, accroché à la flèche de la coupole, un sac semblait nous attendre. Pendant l’espace d’une seconde, j’ai eu la vision de la demi-elfe albinos l’accrochant là et me souriant. Dans le sac se trouvait une fiole où tournoyait un gaz violet et vert, scellée par un signe que Drevun analysa comme celui d’Antann, déesse de la vie. Redescendant dans le temple pour y tenir conseil, nous avons déclenché la fureur de l’Inquisiteur. Drevun fût le plus rapide : il ouvrit la fiole sans attendre. Le contenu explosa dans les airs et tout le groupe fût expulsé par les fenêtres. Mais tout ceci se passa sans violence aucune : nous avons chuté jusqu’au sol comme des plumes avec tout notre matériel. Reprenant nos esprits, nous nous sommes mis à courir, craignant les Infectieux. Mais nous n’entendions plus leurs bruits. Autour de nous, il n’y avait plus de cendre sur les arbres, et ils étaient couverts de bourgeons. Nos équipements étaient comme neufs. Et je me suis rendu compte que le bras que j’avais perdu était de nouveau là . L’air était pur de toute cendre. Sans le ciel éternellement gris, nous aurions pu nous croire avant les pandémies. Dans la forêt nous avons trouvés des morts... qui étaient bien morts. Ils avaient le visage serein, leurs blessures étaient résorbées et leurs habits neufs. Et ainsi étaient tous ceux qui quelques instants auparavant voulaient nous dévorés. Jamais je n’avais vu autant de corps délivrés de la Non-Mort. Nous les avons tous brûlés comme le veut la coutume. Nous étions tous conscients d’avoir vécu quelque chose d’à la fois unique et inexplicable. L’Inquisiteur semblait très choqué, ce qui amusa beaucoup Drevun. Quand à moi, je dois avouer que cette expérience ajoutée à celle des gorges de Dalann m’a amenée à remettre en cause beaucoup de choses qu’on m’avait apprises...
Marneburg:
Les cavaliers ont repris leur route et nous la notre. La nuit suivante est arrivé un évènement assez effrayant : nous avons été réveillés par des cris et avons trouvé Monsieur Ug en train de se battre contre lui-même, se blessant de toutes ses forces. Nous avons fini par comprendre qu’il était le jouet d’un fantôme, se nourrissant de la peur et des blessures auto-infligées. Monsieur Ug s’est effondré, mais il semblait continuer le combat mentalement. Breigan l’a frappé jusqu’à ce que cela s’arrête, enfin c’est ce qu’il voulait nous faire croire: je me suis rendue compte à ce moment-là qu’il était lui aussi nécromancien. Notre groupe est décidemment peu recommandable... Après ces émotions, nous sommes enfin arrivés à Marneburg où il nous a fallu près de quinze jours pour soigner Monsieur Ug, pris de folie, qui se prenait pour un vampire. J’en ai profité pour apprendre à Drevun à contrôler un peu plus ses miracles, même si une telle tache était un peu lourde pour quelqu’un n’ayant lui-même pas achevé sa formation...
Une fois Monsieur Ug calmé, nous avons quitté Marneburg pour le havre de Marl, plus au sud, qui avait été 50 ans plus tôt le théâtre des crimes de la Caravane Cendrée. En chemin, une altercation a failli scinder le groupe, quand Monsieur Ug s’est rendu compte qu’Antonio avait profité de son coma pour lui voler une centaine de DO… Confondu, il s’est engagé à la rendre, même si j’ai dans l’idée qu’il faudra lui rappeler cette promesse... Sur la route nous avons découvert une petite nécropole en cours de formation dans une cité fantôme. Antonio, au mépris de toute prudence s’en est approché… pour revenir en hurlant après avoir aperçu une monstrueuse créature à six langues grattant les bâtiments. A Maarl nous avons appris que cette nécropole était apparue après le départ de la Caravane, mais qu’elle s’effondrait par cycles, ne se développant donc pas de façon inquiétante. Pour achever notre mission, il aurait fallu pénétrer la Nécropole et comprendre ce qui s’y tramait. Mais nous n’étions pas assez nombreux, et je ne voulais pas risquer la vie de mon enfant dans cette aventure. Nous avons donc fait le choix de rentrer faire notre rapport à Ascoltar. Il s’est montré très satisfait de nous. J’en ai alors profité pour lui demander sa protection afin de changer de vie, ce qu’il m’a accordé. Je me suis alors engagée dans la Udire, le réseau où moi et mon enfant serions le plus en sécurité.
Ascoltar a envoyé 4 bretteurs accompagner mes amis à la Nécropole où ils ont revu ces créatures à six langues, ainsi que de gros vers de cendre. Chassés par des squelettes, ils ont eu le temps de voir que les murs suintaient de cette même matière grise crachée par les Infectieux de la Caravane, ce qui les faisaient s’écrouler au fur et à mesure. Cette matière corrompt tout ce qu’elle touche. Breigan a fait l’expérience d’en jeter sur un Infectieux, et il a aussi pris la route de l’Est, vers les terres de Jade… Cette matière est donc l’essence de la Caravane, quelque chose qui permet la communication à distance, ce que ni magie ni Salut ne peuvent accomplir. Nous en savions donc plus sur la Caravane que personne en Ordann, et en même temps, chaque nouvelle découverte nous apportaient son lot de questions sans réponses...
Enfin, quelques mois plus tard, j’ai donné naissance à une fille, que j’ai prénommé Laathen, en hommage aux étincelles de vie qui avaient croisé notre route dans ce monde corrompu par la Non-Mort.
Gutirré, Transhumances 1
Breigan, Drevun, Ug et moi avons repris la route. Après nos découvertes de l’an passé, il nous faut à présent nous remettre en chasse et suivre les traces de la Caravane à travers la Cendre. Ascoltar a été intrigué par notre rencontre avec Agilwardus, cet elfe accusé d’avoir ouvert les portes du havre de Slavak, que Griffethiann recherche pour le compte de la puissante famille. Cette histoire est plus que suspecte: pourquoi cette famille s’intéresse-t-elle au sort d’un havre d’Aqual? Et pourquoi confier cette mission à une elfe?
Nous nous sommes donc mis en route vers la Côte Déchirée, afin de savoir pourquoi les Anrique tiennent tant à retrouver Agilwardus. Ascoltar en a profité pour nous confier son neveu, Leoric, qui doit s’éloigner quelques temps de Ricovero. Une histoire d’expérience alchimique désastreuse il me semble... Il n’a jamais mis les pieds dans la Cendre et est curieux de tout, au point que ça en devient parfois inquiétant.
En chemin nous avons recueilli quatre réfugiés dont le havre venait de tomber. L’un d’eux, Oneirin est une sorte de prêtre aux mœurs étranges. Leur communauté a l’incompréhensible habitude d’enterrer les morts, ce que je trouve aussi inutile que dangereux. Leur rapport à la Mort est différent, et semble inquiéter Ug. Pour ma part, je l’ai averti de mon état afin de mettre les choses au clair et lui ai proposé de se joindre à nous: le combat contre la Non-Mort nous réunit, le reste importe peu.
Nous sommes ainsi arrivés à Gutirré, havre empuanti par l’infecte odeur de la mer, et où j’ai surpris une tractation tout aussi puante: un jeune homme, qui s’est révélé appartenir à la famille Anrique a tenté de revendre une gemme blanchie chez un joailler. Cet homme, Miguel Anrique, est connu dans le havre comme peu recommandable et débauché, ce que j’ai pu constater en le filant dans une auberge.
Dans le même temps, Ug et Oneirin ont repéré dans la zone de quarantaine un individu dont la blessure purulente au bras rappelait les effets de la fameuse substance grise qui couvre la Caravane. Ils ont aussitôt fait isoler cet homme et l’ont interrogé. Il vient d'un havre un peu au nord et s’est fait cela en récupérant une gemme blanche dans une vasière sur la côte, gemme qu’il a ensuite vendu à Anrique. Avant de partir pour la vasière, il nous a fallu récupérer la gemme chez le joaillier. Nous avons été (involontairement) aidés dans cette tache par l’apprenti, qui s’est débrouillé pour la voler avec un ami sans attirer les soupçons. Une fois ces jeunes voleurs volés, Drevun et moi leur avons proposé de nous accompagner. Après tout, Ascoltar est un employeur qui paye bien...
Notre décision n’a pas été sans mal, Ug leur témoigne une hostilité manifeste que Séo, le plus âgé, semble bien lui rendre. Mais un mois dans la Cendre raccommodera tout ce petit monde… De plus, ils nous ont prouvé ce qu’ils étaient capables de faire en volant la gemme à la barbe du joaillier.
Localiser la vasière n’a pas été difficile. Ug et Oneirin ont ensuite utilisé leurs méthodes propres pour retrouver l’endroit infecté, une sorte de tache oblongue en plein cœur de la vasière. A tout hasard, nous en avons prélevé et y avons plongé une gemme en guise de test. Li’oo a sondé avec succès cette poche de vase, et nous en avons exhumé un squelette, sans doute déjà décapité, qui s’est avéré celui d’un elfe mâle. Un membre de la Caravane? probablement. Un de ses meneurs? Un simple membre dont le corps, une fois décapité a infecté la vasière? Difficile d’en dire plus pour le moment.
Il nous fallait à présent tenir notre engagement vis-à -vis de nos nouveaux compagnons et remonter vers le nord pour conduire Li’oo et Séo à Port-Franc, tout en continuant notre enquête. Le chemin du retour nous réservait une mauvaise surprise: La première nuit nous avons été attaqués par une vingtaine de squelettes. J’ai perdu une autre partie de mon bras, ce qui n’est au fond pas cher payé pour avoir la vie sauve. Nos jeunes amis ont fait preuve d’un grand courage qui prouve que mon intuition sur eux était la bonne. Mais nous ne nous en serions pas sortis sans la magie d’Oneirin et de Drevun, qui ont sauvé la situation, l’un en nous permettant de tenir le plus longtemps possible par sa lumière et ses soins, et l’autre en renversant la situation au moment où il n’y avait plus de combattants valides. Mais il y avait un prix à payer à la Mort: Breigan est tombé. Une chose très étrange s’est alors produite: sans que personne ne vienne le décapiter, il a disparu en un petit tas de cendres, sur lequel on a retrouvé une gemme très brillante, si brillante que cela ne pouvait uniquement provenir des reflets de lumière. Cette gemme a elle-même disparu quelques heures plus tard. Impossible de savoir si il s’agit d’une conséquence du sort de Drevun, ou si Breigan, qui maitrisait lui aussi la magie, avait préparé un sort pour échapper à la Non-Mort.
Nous avons repris la route jusqu’à Guttiré, où nous avions encore une affaire à régler : comme je m’y attendais, le voyageur infecté n’était plus dans la zone de quarantaine, il avait été abattu avant qu’il ne soit trop tard. Là , Oneirin nous a annoncé son intention de nous quitter. Je ne peux obliger qui que ce soit à rester, mais je sais que ses talents, qui nous ont déjà sauvés une fois, manqueront à notre groupe. Et je pense également qu’il est dommage pour lui de partir, alors que nous menons le même combat.
Rêves d'Emeraudes, Amour et déchéance 1, Contradiction 1
Nous étions au bivouac pour la nuit quand cela est arrivé : une dizaine d'hommes armés d'arbalètes nous ont encerclés, après avoir abattu le guetteur du moment, Drevun. Heureusement, nous les avons rapidement mis en déroute. Seul leur chef nous a donné du fil à retordre... Et pour cause! Je ne l'ai pas reconnu tout de suite, mais il s'agissait d'une vieille connaissance: cet immonde bâtard d'Antonio, venu égorger ses anciens compagnons de route. Heureusement pour lui et malheureusement pour nous, il est mort avant que j'ai le temps de le faire parler... Nous n'avons pas eu le temps de nous occuper du corps de notre cher Drevun : comme Bregan, il avait déjà disparu en un tas de cendres, laissant juste une gemme étincelante. Et le temps de retourner au corps de l'enfant de putain qui l'avait abattu, nous avons trouvé un autre tas de cendres et une autre gemme. Et quand nous avons voulu examiner les gemmes de Drevun et Antonio, elles avaient disparu dans la nature... Je suis maintenant presque certaine que ce sera le cas pour chacun de ceux de notre ancien groupe. C'est peut-être lié aux évènements du temple de Binhildis... Si c'est le cas, ce phénomène post-mortem ne doit pas concerner nos nouveaux compagnons (hum, il faudrait vérifier ça... Seo ?...). Par chance, nous avions pensé à laisser un survivant, un dénommé Gillain, que nous avons pu interroger. C'est ainsi que nous avons appris que notre tête était mise à prix depuis plus de 6 mois pour 500 DO chacun. Et devinez par qui? Par le Sage Arvin, celui là -même que nous avions sauvé au temple de Binhildis... Quelle gratitude. Certains Sages ne sont décidément pas fréquentables. Après une route sans histoire (juste un petit fantôme qui s'ennuyait sur le bord du chemin), nous avons rejoint le Havre de Leau pour une étape bien méritée. Pendant la fouille de rigueur, j'ai découvert quelque chose d'intéressant: notre petit Li'Oo est une petite...
Pour la suite, je me base sur les récits quelques peu confus de mes compagnons: pendant la nuit, Li'Oo, Leoric et Oneirin ont été assaillis de visions. Ils ont vu chacun une sorte d'émanation des anciens dieux, les mêmes qu'Agilwardus nous avaient fait voir dans le temple de Binhildis. Li'Oo a vu Naassima, la déesse des ombres, courant dans les rues de Port-Franc et mettant la pâté à trois hommes. Elle s'est également vue elle-même dérobant le tube de gemmes d'Ug, comme si elle était Antonio (et c'est elle qui avait ramassé la gemme d'Antonio la veille...). Oneirin a vu Esus, comme nous l'avions vu, un homme cadavérique sur un trône d’os, jouant avec un crâne. Et ensuite, il s'est vu tenir une maison contre les Infectieux. Au moment où le toit s'effondrait, il devenait un joyau humanoïde repoussant les morts. Mordu à la tête, il ravageait tout en un tremblement de terre et mourrait sous les débris. Cette scène rappelle le premier miracle de Drevun, Drevun dont Oneirin venait justement de récupérer la pierre. Leoric, lui, a vu Antaan, la déesse de la vie; une demi-elfe d’une grande beauté, allongée dans un cercueil de glace, entourée de fourrures. Et ensuite il s'est vu dans un souterrain, accompagné de 3 personnes qui se faisaient laminer par quelque chose d'invisible: une réminiscence du combat contre la liche à Murailles? En tous cas, il est bon de signaler que c'est Leoric qui avait récupéré la pierre de Breigan... Je n'ai pas envie de perdre un autre de mes compagnons, mais la prochaine pierre, c'est moi qui la récupère! Cela dit, si il y a vraiment un lien avec les évènements du temple de Binhildis, il ne reste que Monsieur Ug et moi à les avoir vécu... Mais j'y pense: il y a aussi les mercenaires, et surtout ce cher frère Arvin, dont la perte m'affligerait beaucoup moins... Une idée à creuser...
Il suffit parfois de demander: le lendemain, nous avons été abordés à l'auberge par Jared et Meir, deux mercenaires rencontrés au temple de Binhildis, alors au service de Beltrané. Sauf que là , ils avaient un contrat sur la tête de Beltrane pour 1000 DO, et posé par nous par dessus le marché. Ils venaient informer les «commanditaires» de la difficulté de l'entreprise et de l'état des pertes que Beltrane leur avait infligé. Il a donc fallu dissiper les malentendus (sans trop leur parler du contrat sur notre propre tête). D'après leurs dires, la moitié des chasseurs de prime d'Ordann sont à la poursuite de Beltrané, et donc la notre pour se faire rembourser leurs pertes... De mieux en mieux, puisque l'autre moitié doit être sur le contrat qui nous concerne. Nous en avons profité pour prendre quelques renseignements : Griffethiann serait partie faire cavalier seule avec Arvin, toujours à la poursuite d'Agilwardus. En voici deux sur lesquels il faudrait mettre la main. Nos petits mercenaires n'étaient pas plutôt sortis que Beltrané et son ami Trado entraient, tous sourires. Passé un premier moment de panique, nous nous sommes rendus comte qu'il venait de nous tester en suivant les deux mercenaires: il était maintenant convaincu de notre bonne foi, et persuadé qu'il y allait de notre intérêt de nous unir: lui s'éviterait d'avoir à payer des mercenaires pour le défendre des chasseurs de prime, et nous, nous pourrions ainsi nous montrer en sa compagnie pour prouver que nous n'avions placé aucun contrat sur sa tête. L'accord était honnête. Et puis nous gardions ainsi une chance d'élucider les évènements de Binhildis. Nous avons ainsi appris que Beltrané était (en plus d'être recherché pour 1000 DO) proscrit sur toute la Côte Déchirée. Il avait été l'amant de Carmen Anrique, seule fille du seigneur Anrique. La mission Agilwardus était un prétexte pour l'éloigner de Gutirré. La belle s'était alors enfuie pour le rejoindre, et a depuis disparu. En plus d'avoir perdu son amante, Beltrané est donc accusé de l'avoir enlevé. Disparue dans la Cendre depuis plus d'un an, il y a de fortes chances qu'elle soit morte. Mais rien que pour le petit espoir qu'il reste, j'ai bien envie d'aider Beltrané.
Transhumance 2, Contradiction 2 :
Nous venions de quitter Leau quand la déprime s'est abattue sur le groupe. Nous avions des bouffées d'angoisse, des visions nocturnes (il a fallu endormir Seo et Li'Oo par magie pour qu'ils arrêtent de voir des monstres sortir de la Cendre...). Et à l'Est, depuis quelques temps, grondait une rumeur lointaine. Quelque chose nous pompait notre énergie vitale. Et Monsieur Ug devenait de plus en plus nerveux. Par une vision Oneirin a pu assister à un bien étrange spectacle : un groupe de morts-vivants de tous poils, mené par un vampire (non Ug, lâche ce pieu tout de suite !) avançait vers une sorte d'immense campement où des gens semblaient se disputer. On y voyait des Princes Orientaux, des hommes d'Aqual, de Port-Franc, un petit groupe d'elfes très dépéris et des Sages, dont Arvin (rester calme, rester calme, rester calme...). Pendant la nuit, Monsieur Ug a fait repousser mon bras. Cela me sera utile pour trucider Arvin. D'après Oneirin, il semblait habité par le doute; je m'en vais l'en libérer.
Le voyage s'est poursuivi sans incident: quelques squelettes dans les cryptes de la Fosse d'Aria, Monsieur Ug qui dort les pieds en l'air et qui a les yeux un peu rouges, une attaque de zombies dans un marécage où nous avons failli tous rester : bref, une journée sans histoire au doux pays de la Cendre.
Havre suivant: Les Salines, ses auberges, son marché aux esclaves, sa puanteur marine... Pendant que Monsieur Ug faisait son marché (le groupe compte à présent Thorgen le barbare et Edelwyn l'elfe, bienvenue dans une équipe de fous), je suis allée discuter boutique avec des Coureurs de Cendre. J'ai ainsi appris l'existence d'un phénomène nouveau, la Transhumance: Une migration de mort-vivants avec un nombre élevé d'Infectieux arrive depuis les marais de Doomstalk, direction nord-est. Ils ne semblent pas intéressés par les gens qu'ils croisent, et sont ainsi passés au large de la Tour des Sages où se déroulait la dispute qu'Oneirin a vu.
Dans la journée, Monsieur Ug a repéré un individu suspect (entendez par là maigre, pâle, avec les dents un peu trop longues), et moi Arvin (entendez par là un sale individu à décapiter à vue) accompagné de deux Sages et de gardes du corps. Oneirin s'est fait passer pour un chasseur de primes dont nous aurions écharpé le groupe, mais le Sage est resté très méfiant et l'a fait suivre. Il n'a pas nié avoir mis notre tête à prix, le saligaud.
Ce qui suit pourrait s'intituler «Tel est pris qui croyait prendre». Arvin a vraisemblablement tenté de nous repérer par le Salut, mais il a déclenché un cataclysme assez inexplicable: des éclats de gemme en suspension sont apparues, mimant les mouvements d'une mer en pleine tempête. Très bonne imitation au demeurant, puisque nos deux [strike]pirates[/strike] marins se sont encordés au mat sur le pont supérieur. Même s'il n'y avait pas de mat. Ni de pont supérieur. Arvin se vidait littéralement de son énergie. Nous avons mis ses gardes hors d'état de nuire, et puis, dans l'enthousiasme du moment, nous avons charitablement mis fin aux souffrances du pauvre Sage. A toute chose, malheur est bon: nous avons récupéré une petite gemme, comme pour Antonio, Drevun et Breigan. Le maelstrom magique a tué suffisamment de gens en ville pour rendre le coin très dangereux. Nous avons filé sans plus attendre. S'il y avait un vampire en ville, il a dû bien rigoler!
Et sans surprise, à la pause suivante, la gemme avait disparu.