sadique, en un mot.
SADIQUE, adj. et subst.
I. − Adj., PSYCH., PSYCHANAL. Qui se rapporte au sadisme; qui a le caractère, qui manifeste du sadisme. Activité, attitude, comportement, crime sadique; phantasmes, pulsions sadiques. L'homme de tendance masochiste, passif, épouse le plus souvent une femme de tendance sadique, autoritaire et méchante, pour entretenir son humiliation (Mounier, Traité caract., 1946, p. 106). Bien que la phase orale de la sexualité comporte déjà de nettes réactions agressives (morsures, incorporation), les principaux fondements de l'attitude sadique se trouvent dans la phase anale, dite parfois sadico-anale. Salir, abîmer, détruire en sont les composantes essentielles (Bastin 1970).
II. − Adj. et subst.
A. − (Personne) qui manifeste du sadisme.
1. Vx. [En faisant preuve de luxure et de cruauté comme les héros actifs des romans du marquis de Sade] Ce roublard sadique et méchant, se faisant chier dans la bouche, accusant sataniquement ses maîtresses de lui voler ses montres (Goncourt, Journal, 1866, p. 276).
2. PSYCH., PSYCHANAL. [En atteignant la volupté par la souffrance physique ou morale de l'autre] Fou, partenaire, persécuteur sadique; grand, petit sadique; sadique léger; être la victime d'un sadique. Le sadique et le masochiste sont hantés par l'image de la mort (Divin. 1964, p. 201). Les mises en scène les plus étudiées (flagellation, simulacre de viol,...) (...) sont nécessaires au sadique pour atteindre l'orgasme (Bastin 1970).
B. − P. ext.
1. (Personne) qui a tendance à exercer sur autrui des violences morales ou physiques, qui prend plaisir à faire souffrir les autres, hors de toute satisfaction sexuelle. Bourreau, tortionnaire sadique. Les sadiques de l'espèce de Mlle Vinteuil sont des êtres si purement sentimentaux, si naturellement vertueux que même le plaisir sensuel leur paraît quelque chose de mauvais, le privilège des méchants (Proust, Swann, 1913, p. 164). Je n'aime pas tuer; je ne suis pas un sadique, je déteste le sang (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 565).
2. Méchant, cruel. L'instinct sûr qu'ont les femmes en ce genre d'affaires disait à Laure que celle à qui elle était venue demander des comptes, n'était pas la rivale triomphante, insolente, qu'elle avait confusément imaginée, mais une créature blessée comme elle, secrètement malheureuse. Et cette pensée suscitait en elle d'étranges sentiments, où, à une joie sadique, se mêlait une infinie pitié (Daniel-Rops, Mort, 1934, p. 442). Inutile de me répondre. Vous me blesseriez à coup sûr, avec votre génie des phrases sadiques (Montherl., Pitié femmes, 1936, p. 1092).
− [En parlant d'une pers.] Elle ne savait que dire, comme un pauvre potache que torture un sadique examinateur (Montherl., , J. filles, 1936, p. 966).
REM. 1.
Sadique-, sadico-, élém. de compos.
Sadique-anal, -ale, -aux, sadico-anal, -ale, -aux, adj. Phase, stade sadique-anal(e) ou sadico-anal(e). Synon. de phase, stade anal(e). V. supra ex. 1.
2.
Sadiquement, adv. Avec sadisme. La fureur irrationnelle d'une brute peut seule imaginer qu'il faille torturer sadiquement des hommes pour obtenir leur consentement (Camus, Homme rév., 1951, p. 294). Dans la Névrose obsessionnelle, le SurMoi se conduit sadiquement vis-à -vis du Moi (Poinso-Gori 1972, s.v. sadisme).
3.
Sadique-oral, -ale, -aux, adj. Dans le vocabulaire psychanalytique, le sadisme (...) serait l'élément majeur des pulsions instinctuelles dans l'organisation infantile de la sexualité dès ses premiers stades qualifiés de sadique-oral et de sadique-anal (Porot 1975, s.v. sadisme).
4.
Sado-, élém. de compos., var. V. sado-masochique (s.v. sadomasochisme), sadomasochisme, sadomasochiste (s.v. sadomasochisme).
5.
-sadique, élém. de compos. entrant dans la constr. d'un très petit nombre d'adj. qui signifient « qui est à la fois... et sadique ». a)
à?rotico-sadique. « C'est un suicide », maintient le mari. La police n'en croit pas un mot. Elle soupçonne M. Tavano, qui fut cinéaste, d'avoir monté un petit scénario érotico-sadique et que la comédie a tourné au drame (Le Nouvel Observateur, 19 avr. 1976, p. 53, col. 1).
b)
Mystico-sadique. Parce que la mise en scène est constamment belle, parce que Roger Planchon est un très grand comédien (...) que le texte, pris en soi, est bien écrit (...), on espère, pendant plus de trois heures, pouvoir pénétrer dans ce maquis mystico-sadique (Le Nouvel Observateur, , 19 janv. 1976, p. 57, col. 3).
Prononc. et Orth.: [sadik]. Att. ds Ac. 1935. à?tymol. et Hist. 1. 1862 adj. (Flaub., Corresp., p. 747); 2. 1882 subst. (E. de Goncourt, Faustin, p. 321). Dér. de sadisme*; suff. -ique*. Fréq. abs. littér.: 83. Bbg. Quem. DDL t. 29.
Extrait du CRNTL