4 démos au club Arcane – juin 2015 – Champigny-sur-Marnephoto Daniel Eymard pour le club Arcane
Ce fut une longue, très longue, très très longue semaine. Dimanche dernier, Colloque des 40 ans du JdR au Dernier Bar (
5 démos). Mardi, IRL Opale (2 démos + 1 playtest plutôt cool. Hé, mon nouveau scénar
Zéro, celui où qu'on joue des chats, commence à prendre tournure). Hier,
Le labyrinthe de la mort, quickshot solo avec une petiote de six ans (du
Zéro premium qui dépote). Entre tout ça, pas mal d'obligations de la vraie vie, de l'administratif en veux-tu, je t'en donne, de la relecture, des allers retours chez l'imprimeur et, oui oui c'est possible, un peu d'écriture. « Le sommeil, c'est pour les faibles. Moins tu dors, plus t'es fort », me dit Benjamin Frébourg. J'opine à mort.
Pour finir cette semaine de fôôôlie, une après-midi de démos en club, ce qui ne m'arrive pas souvent. La dernière fois, c'était il y a six mois, au
Cercle des Investigateurs de Saint-Michel-sur-Orge. Une fois par semestre, c'pas les cadences infernales, hein ? Le fait est que je ne vais pas au devant de ce genre d'événements. En fait si, j'ai tenté une année de faire le tour des forums des clubs de ma région pour proposer des séances de démos. Échec sur toute la ligne, façon « J'aime l'odeur du napalm au petit matin ». Ça m'a bien calmé.
Je schématise (et mon expérience au Cercle fut un bon contre exemple) mais mon sentiment général est que les gens ne viennent pas en club pour découvrir de nouveaux jeux. Ils y viennent pour jouer sur un rythme hebdomadaire une ou plusieurs campagnes à des jeux qu'ils connaissent et apprécient déjà, ou que d'autres ont découvert pour eux (mais ailleurs, sur le Net, en conv, en boutique). Donc forcément, quand un auteur se pointe pour faire connaître sa prod, ça dérange plus qu'autre chose. Quand je l'ai eu compris, je me suis mis en stand-by : je ne propose rien, j'attends qu'on vienne me chercher. Ce fut le cas de Laurie et Alexis du Cercle des Investigateurs. On s'était croisés à Geekopolis, ils avaient accroché à mes démos et m'avaient ensuite mailé.
Je ne me rappelle plus exactement comment j'ai noué le contact avec le club Arcane. Ça remonte à un bail, du temps de leur ancien prez, et ça avait lamentablement capoté à l'époque, le gars qui devait me véhiculer s'étant désisté en dernière minute. Découvrant l'anecdote au détour d'un post sur le forum d'Opale, Daniel, le nouveau secrétaire, m'avait joint pour me proposer de remettre ça dans de meilleures conditions. Démarche pure sympa et très pro, je trouve.
Bon, j'avoue que j'étais quand même moyen emballé parce que la première fois, les réactions à l'annonce de ma séance de démos n'avaient pas été d'un fol enthousiasme. Mais faut savoir sortir de sa petite zone de confort. Et puis, Daniel me semblait un gars sérieux, et moi j'aime bosser avec des gens sérieux. Donc hop, je dis oui. On cale ça pour fin juin, on (re)fait un peu de retape sur le forum du club et comme attendu, ça ne déplace pas les foules. En intégrant le facteur « Super désolé, désistement de dernière minute parce que poney », ça sent le plan à trois ou quatre présents. En fait, ils sont huit, Daniel compris. Bonne surprise.
Sur le tas, deux habitués de la table de DeathAmbre, qui donc connaissent bien
Sombre, Didier, un gars que j'ai déjà eu plusieurs fois à ma table en conv, au
Grand Nain Porte Quoi notamment, et un dernier joueur qui a fait un
Toy scary dans une autre conv. Plus Daniel bien sûr, déjà aware du jeu. Restent trois joueurs qui vont vraiment le découvrir, ce qui ne fait pas lourd pour une aprème entière de boulot. Du coup, je saute sur un ado et sa mère, venus au club pour une inscription. De l'ado, hein, pas de la mère, plutôt ludo-réticente. Mais hé, ce n'est pas comme si je n'avais pas l'habitude d'asseoir des noobs à ma table. Hop, un petit
Overlord très sympa (la photo qui ouvre ce post).
Après leur départ, j'enchaîne. Un
Grimmies d'abord, puis un
Dracula et un
Darkly Dozen (aaah, y'avait longtemps) avec tout le monde. 8 joueurs donc. En tout, quatre parties, entrecoupées de discussions sur
Sombre. Les joueurs sont cool, les parties fun, les causeries détendues. J'argumente pied à pied sur les fondamentaux de
Sombre, défends mon jeu, ma démarche, jusqu'au ciné d'horreur (ouais, je pars de loin). Et ne convaincs strictement personne. Les gens sont polis, leurs critiques à la fois modérées, respectueuses et argumentées (ça fait plaisir), l'ambiance sympathique. Mais sur le fond, c'est un échec total. Can't win them all, hein.
Évidemment, ça me fait cogiter. Comme l'autre jour au
Dernier Bar, je me pose des questions métaphysiques sur le volet promo de mon boulot. Cette après-midi au club Arcane, j'avais à table des rôlistes a priori réfractaires. Pas qu'ils ne se soient pas pliés de bonne grâce à mes démos, mais c'était juste pas du tout leur tasse de thé. Ce sont des joueurs expérimentés, qui mènent et/ou jouent en campagne dans de gros univers persistants, apprécient les jeux d'aventures, les PJ (plus ou moins) héroïques et, je le subodore, les systèmes un peu denses. Moi, je propose de jouer de pures victimes dans des parties de 15 minutes avec des règles ultra légères. On n'est pas sur la même planète rôliste.
Ce n'était pas une surprise. Je savais dès le départ que ça allait être l'Everest en tongs, et je n'ai pas été déçu. Mais j'ai beau me creuser la tête, je ne vois pas trop comment résoudre le problème. Je pourrais mener du
Classic en long, du
House par exemple ou un quickshot. C'est le système et le format qui conviendraient le mieux à leurs profils rôlistes. Bon, il faudrait quand même que je leur fasse avaler la pilule du PJ-victime et du système en sept pages seulement, mais pour le reste, on s'approcherait du JdR dont ils ont l'habitude. Je l'ai fait autrefois dans certains clubs, au Cercle Fantastique et à Légendes d'Autres Mondes notamment, mais ne le veux plus parce que c'est épuisant. Quatre à six heures de gros gros taf pour, au final, toucher quatre ou cinq joueurs, c'est rude. Même si ça fait ensuite tache d'huile, un meneur motivé pouvant contaminer une bonne partie du club, ça reste hardcore.
Alors, y'a aussi le court. Pas aussi proche du JdR classique que le long, mais quand même moins radical que le flash. Niveau fatigue, les formats d'une heure sont plus gérables que les longs, y compris en quickshot. Là non plus, je ne me sens plus trop de faire du
Classic. J'ai re-mené du
White trash dernièrement, pour valider quelques petites innovations avant sa publication dans
Sombre 4, mais je ne me vois pas en faire une habitude.
Zéro est tellement mieux adapté au court, ne serait-ce que parce que l'explication des règles est beaucoup plus rapide.
Pour tout dire, j'avais
NASM et du matos pour quickshoter en
Zéro dans mon sac (20 minutes de brainstorming, 40 de jeu, comme je l'ai fait en playtest ces derniers temps), mais ne l'ai pas sorti. J'ai préféré m'en tenir à du flash car je n'étais pas en jambes pour du court. J'avais une trop grosse semaine dans les pattes. Par ailleurs, ça n'aurait pas réglé la question du cast pléthorique. Avec
Dracula, je monte jusqu'à 11 joueurs. 12 avec
Dozen. En quickshot format 1 heure ou avec
NASM, je suis à 4 seulement, 5 si je pousse le truc dans ses derniers retranchements (mais ça devient inconfortable à mener). Or là, j'avais 8 joueurs.
Ct'un peu la quadrature du cercle et je ne suis pas certain de vouloir solutionner le problème. En général, quand j'en identifie un, je réagis en développant une variante, voire une variante de variante, et/ou un scénario spécifique. Mais pour un event tous les six mois, est-ce que ça en vaut vraiment la peine ? Je doute vachement.
La solution : Sombre Max ;-) !!!
Mais j'en ai fait !
The Dirty Dozen est un scénar
Max. Sauf qu'il est overbourrin et super court. C'est du flash. J'ai hésité à venir avec
L'appel du bayou, un autre scénar
Max narrativement plus élaboré, et qui aurait sans doute mieux répondu aux attentes de mes joueurs, mais y ai renoncé. La faute à la fatigue, et à l'impréparation aussi un peu (je ne l'ai playtesté qu'une fois et ce n'est pas encore assez pour être en confiance).
Au delà du système, la question est celle du format. Quatre heures de démos, ça crève. Et même si certains scénars sont plus exigeants que d'autres (
DSG est redoutable à ce niveau et c'est pour ça que je ne le mène plus), on peut dire grosso merdo que ça crève d'autant plus que les démos sont longues. Parce que plus tu mènes long, moins t'as de pauses. À conditions de jeu égales, quatre parties flash sont moins fatigantes que deux parties courtes, elles-mêmes moins fatigantes qu'une partie longue. Et bien sûr, l'impro est plus crevante que la maîtrise d'après scénar.
Or je cherche à me ménager parce que sinon, je ne tiens pas la distance. Là déjà, c'est super sportif. Je suis disposé à faire ponctuellement de gros efforts quand je pense que le buzz en vaut la chandelle. À Geekopolis par exemple, j'enchaîne le flash bite à cul pendant quatre ou cinq heures dans une ambiance super bruyante. Ça me met sur les rotules, mais plusieurs dizaines de personnes s'assoient à ma table en une aprème. Niveau promo, ça dépote.
Hier, j'ai eu huit joueurs, dont seulement trois ne connaissaient pas le jeu. C'est pas le même braquet, donc forcément j'y vais un poil plus à l'économie. Toutes proportions gardées, hein, j'ai quand même déroulé quatre démos en quatre heures. Ça reste du gros taf. J'étais crevé en sortant et n'ai pas fait grand-chose de très productif en soirée, juste écrit le CR. Mais aujourd'hui, je suis opérationnel. Si j'avais mené un quickshot long, ou deux ou trois courts, je serais encore en train de récupérer. Ce n'est pas du tout gérable vu la masse de taf en retard que j'ai accumulé ces dernières semaines.
Clairement, je ne peux pas me permettre de rentrer chez moi le soir totalement défoncé par des démos pour trois joueurs seulement. En fait, je ne le peux plus. Il y a quelques années, ça le faisait encore, mais mon rythme était moins trépidant. Je faisais moins de convs et ne publiais pas le fanzine. Depuis, je n'ai pas rajeuni et ma charge de travail s'est considérablement alourdie (ce qui est übercool bien sûr, je kiffe d'être invité à droite à gauche et d'éditer la revue). Mais le résultat est que si j'essaie de gérer mon bizness comme il y a encore cinq ou six ans, j'y laisse ma santé.
Au final, la question de fond est : est-ce que les démos en club valent encore le coup ? Si c'est comme au Cercle en décembre, clairement oui. C'était de la grosse balle. Mais si c'est comme samedi, est-ce que je n'accumule pas la fatigue pour pas grand chose ? N'aurait-il pas été plus raisonnable et utile de consacrer cette journée à l'écriture de
Sombre 5 ? Je suis dans une période où je commence à devoir prioriser. C'est ça ou le surmenage.
Je l'écrivais déjà dans les premiers temps de ce forum et c'est plus que jamais vrai :
Sombre n'est pas un sprint, mais une course de fond. Et je dois tenir la distance.
Mon body count4 parties, 25 joueurs, 18 morts.
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