Hors séries
J'appréhende. On m'a choisie pour une expédition avec des collègues de plusieurs mois dans l'obscur.
J'ai envie ; et me semble en quittant Phénice que c'est pas la lumière qui me pousse dans le dos, mais le sombre qui comme une sorte d'engloutissement.
Nous sommes partis tout équipé. Ça me rappelle les explorations d'antéchaires, mais je ne me souviens pas du Frige. C'est dur. Tom me tient la main les premiers jours. Je l'aime bien, mais je crois que je ne vais pas trop l'aimer. Et les marcheurs chantent.
Réfection de l'Ecrin
Première escale à l'écrin. Je ne pense pas trop à Tom qui boude même pas. Plein de choses à faire, avec les autres bâtisseurs ! Pas l'habitude de la pierre ; mais ça va être chouette.
Les femmes et les hommes qui restent ici à longueur de temps... ils sont les premiers remparts phéniciens. Je les regarde ; mais.
On leur a fait un truc carrément plus confortable. Je suis contente.
Ah, et aussi, il y cette fille.
Exploration de Palerm
Elle m'a tenu la main sur la route. Je l'aime bien, je crois.
Des raquettes pour marcher dans le Frige. A beau y réfléchir avec Stark, pas moyen de faire autrement.
Palerm. On va peut-être trouver des trucs ! Mais d'abord, se repérer. A moi les dessins ; je complète chaque jour. C'est dur, sans trop de lumière. Mais la fille, elle a une chose qui crécelle... Il faut que je regarde ça de plus près. Mais pas de suite. De toute façon, elle ne veut pas.
Alors je bidouille mon cerf-volant. J'emmène la fille avec moi dehors, parce que c'est plus facile à deux. On s'amuse bien. Avant que ce type arrive. D'où il sort, d'abord. C'est nul. Pas bien compris qui c'est, et d'abord, qu'est-ce qu'ils ont mes dessins. Je l'aime pas, d'abord.
Le midi avec les bâtisseurs ; le soir avec les marcheurs.
Sinon, j'ai trouvé un chouette casque. Je suis contente.
Et maintenant, je dors avec Newt.
Presque plus besoin qu'on me tienne la main, maintenant.
Je regarde le Noir-Nuage ; paraît qu'on peut y voir le Soleil. Newt le dit, alors j'y crois. Je veux le voir aussi.
Exploration de Marsala
Marsala. J'aime pas ici. Rien d'exploitable, que des bris de la pierre des Anciens, veinés de racines grises. Et pas de grand mur comme à Palerm pour dessiner. Tant pis, ce sera sur la bâche avant de remettre au propre. Les marcheurs ne veulent pas qu'on s'approche des plantes... D'accord. Toute façon, j'y comptais pas. A part qu'on a trouvé une boîte bouffe de Na, Newt l'autre et moi, il n'y a rien ici...
Mais en fait non. Il y a des gens, armés jusqu'aux dents... avec – ô joie ! - des tas de trucs intéressants dans leur roulotte. Pas si méchants quizen avaient l'air, ils me montrent pleins de trucs, et ça fait des étincelles dans tous les sens. Je suis contente. Ça donne presque envie d'y aller avec eux, tellement il y a des choses à faire. Mais bon. J'aime bien déjeuner avec les bâtisseurs et dîner avec les marcheurs, et dormir avec Newt.
Le dernier jour, Newt s'est fait mal avec les plantes. On m'a dit que c'est l'autre qui l'a soignée. Je l'aime toujours pas ; mais bon. Je crois qu'il sait des trucs pratiques.
[…]
J'ai peur. Avant, j'étais très fatiguée, et parfois j'avais pas très envie de rien à cause du noir. Mais là , j'ai peur. Premier parti, un faiseur ; cueilli pendant la nuit comme une fleur. Je me rends compte que ça fait du bien, que Bartolomeo est là .
Mais Ça nous entoure, et Ça se rapproche. Et j'arrive pas à marcher plus vite ; personne n'y arrive. Je ne veux plus être là , et j'arrive pas à partir lorsqu'il faut choisir de rester ou pas. Newt s'en va avec les autres à Finistère, et je c'est bien pour elle je sais même pas pourquoi je reste. On attend que Ça arrive. J'entends des choses que je voudrais être ailleurs,... Et C'est là .
…
Mal à la jambe.
... Marcher.
J'entends que Bout de Terre, ça y est. J'ai beau me secouer, mes mécaniques de carcasse me lâchent. Grimper. Si lasse. Plus de forces dans les jambes, trop de douleur dans les bras. … Newt là ? Pas compris là -haut ça y est. N'en peux plus de doigts.
… Manger chaud … Dodo.
L'autre Finistère
J'veux pas sortir du lit... mais pipi. Trop dormi, je traîne la patte dans l'endroit – en plus c'est vrai. Pleins de gens ici, pas vraiment comme à l'Ecrin ; des enfants, aussi. Je regarde ce qu'il y aurait à retaper, mais pas vraiment motivée à me lancer en grand.
On est bien accueillis.
Ma jambe me fait bizarre, mais ça va. Je bidouille pas vraiment. Je tripote mes trucs en métal de poche. Newt m'a donné le droit de bidouiller pour de vrai sa lumière, mais j'ai plus tellement envie. J'm'ennuie ici, et ma jambe m'ennuie.
Il faut rester se reposer, on dit.
Alors je déjeune avec les bâtisseurs, je dîne avec les marcheurs, et je dors avec Newt.
Je me souviens parfois de Ça dans l'obscur, et je me sens comme je ne veux pas y penser.
Je veux partir d'ici. Ma jambe aussi.
L'autre Finistère : Départ
On était reposé, mais la descente est quand même difficile. Je crois que Bartolomeo est salement amoché, maintenant. Je l'aime bien. Sinon, il y en a un qu'était content de retrouver ces bestioles, en bas. Moi, je suis juste contente. Ou plutôt, en fait... Je me sens bien ici ; mon corps est bien. Je me sens motivée pas comme en haut.
Je regarde le Noir-Nuage ; paraît qu'on peut y voir le Soleil. Newt le dit, alors j'y crois. Je veux le voir aussi.
On marche toujours. Je cherche une idée pour ouvrir la lumière de Newt sans l'inquiéter. Il y a toujours de la neige, à part quand nous marchons dans une sorte de poix noire. Cela lui a donné des idées de faire tout brûler nos chaussures, avant de continuer. Il fait parfois des trucs bizarres, mais je crois qu'il sait pourquoi.
Un soir, on a eu une chouette histoire par Bartoloméo. J'ai bien aimé ; et j'en voudrais bien aussi de l'autre. Mais il faut attendre Phénice, il dit.
Cette nuit, nous avons été attaqués par des hibours. Stark s'en est donné cuer joie avec son jouet. Je ne me sens pas à la hauteur dans ces situations. Presque tout le monde va bien. Quelqu'un est mort sur le coup d'un piqué. L'amoureux des bêtes s'en sort mal, même si je crois que Newt a aidé à ce que ne se soit pas pire. Et cet homme aussi. L'autre aime bien allumer des feux. J'ai voulu aller voir , mais il ne veut pas qu'on approche de trop, à cause de la corruption. La corruption ? D'accord.
Je regarde le Noir-Nuage, le matin et le soir.
On a marché jusqu'au Monastère de l'ange déchu, et je m'inquiète moins du comateux que du blessé. Je crois qu'il va mourir. Il n'y a rien ici, qu'une langue verticale de pierre couverture d'un grand monticule de neige. Il est mort ; et c'est là qu'on le laisse. Dans la congère de la langue de pierre. J'ai tracé des plans et nous poursuivons.
J'ai trouvé une idée pour ouvrir la lumière de Newt sans l'inquiéter. Une manivellamusik. La manivelle, c'est facile. La musique... il y a Bartolomeo ou Zylot. Bartolomeo depuis l'autre jour je l'évite, alors je demande à Zylot. Il a fait quelque chose de chouette. Je le donne à Newt et je lui explique ; je crois qu'elle est contente.
Cette nuit, il y a eu des bestioles vombri... vriban... Des insectes qui ont fait du bruit. Paraît. Mais je dormais avec Newt, et je me suis à un moment réveillée avec une couverture sur la tête, et je me suis rendormie avec Newt. Quelqu'un a été tout piqué, ce n'est pas beau. Mais on continue.
Je regarde le Noir-Nuage.
Palagonia et Monastère Bleu.
J'attends avec Newt en haut de la mine, plein de feuilles contre moi.
Elle est triste. Je ne sais pas quoi faire. Je me souviens du chaos, et d'avoir aidé à sauver Molly des éboulis, du campement chouettement retapé du long ruban plein de ferrailles, et de ce qu'on a fait ici pour Palagonia.
Mais des fois, je sers à rien.
J'ai rendu ses feuilles à Yavan. Il discute avec Bartoloméo.
Elle. Ne regarde pas la lumière seule.
Dans ces moments, je repense à Ça dans l'obscur. Je ne veux pas y penser et ça me comme fourmille dans la jambe. C'est toujours un peu là .
Plus tard, Erg veut mener une expédition à Phénice. Partir avec des gens, revenir avec d'autres. C'est bien pour Newt. Moi et ma patte, on n'a rien à faire là -bas, alors qu'ici : je ponce, j'affute, je réajuste, je graisse. Et le reste. Je déjeune avec les bâtisseurs, je dîne avec les marcheurs. Stark a l'air pas du tout bien. Je m'inquiète parfois.
Plus tard encore. Il y a eu plein de mauvaises choses ici, je ne comprends pas pourquoi j'ai presque envie de pas partir. Je crois que c'est à cause de Newt. On dort toujours toutes les deux ; mais avant, il n'était pas loin quand même. Maintenant, on est juste toutes les deux. Est-ce que ç'aurait pas été mieux qu'elle reste avec lui avant. Maintenant, c'est trop tard.
Je continue à regarder en haut. Et je crois que j'ai vu quelque chose, là . Et comme Newt me dit que c'est bien là , je suis contente. On vérifiera les autres fois.
Monastère bleu. Des gens parlent des trucs qu'on ne comprend pas. C'est plein de livres chez eux, et quand j'entre dans leurs salles, j'ai envie d'avoir plein de temps pour toucher les tranches et regarder les images, et de toute façon j'ai les mains sales et ça me fait bizarre dans le ventre donc je reste pas longtemps. Newt veut commencer à lire. C'est bien pour elle. Ça peut être bien pour moi, mais. De toute façon, on réfléchit avec Stark à gagner de la place sur les étages de papiers. C'est plutôt compliqué. J'entends parfois ce que Erg parle avec les gens du monastère. C'est aussi plutôt compliqué.
Syrak avant Phénice.
Finalement, c'est plutôt un endroit où je m'ennuyais. Dehors, je continue à regarder le ciel. A chaque fois que Newt me regarde comme ça, c'est que c'est l'heure de la devinette. Des fois je trouve, d'autres pas. Mais quand même, je trouve de plus en plus, et je suis contente.
Stark dort mal. J'ai pris la manivellamusik de Newt pour lui. Ça marche un peu. Je m'inquiète. Au moment de rendre sa boîte, j'avais oublié de dire que c'était Zylot, la musique ; je crois qu'elle l'aime encore mieux, maintenant.
Tourbillon. Des gens sous un grand dôme avec de la boue au milieu. On est à l'abri du frige, c'est chouette. Et ça m'embête, je n'arrive pas à dire ce qu'est le caillou sur nos têtes. Stark non plus. Quand il est concentré sur quelque chose, il m'inquiète moins.
J'ai rappelé à Yavan que je veux des histoires, à Phénice. Mais ce soir, je ne discute pas avec les marcheurs. Il y a ce type qui revient de l'est, tout seul. C'est génial. Il a du voir pleins de choses et n'en raconte même pas un pouillème ; faut lui poser des questions pour le faire parler et je n'aime pas ça, poser des questions. Il s'appelle Yuran. Erg est d'accord pour qu'il fasse le reste du chemin avec nous jusque Phénice. Je suis contente.
Il se passe beaucoup de trucs ici la nuit. Je suis contente de repartir. Et de me tromper de moins en moins quand je regarde en haut. Avant, j'étais déçue de ne pas trouver ; maintenant, ça m'énerve.
Syrak. Pleins de ruines ; deux jours à baliser avec Yavan et Yuran, j'aime bien être avec eux deux, un à chercher et ne rien trouver. Le dernier jour, Stark a encore eu des ennuis. C'est pas possible... Ça va qu'on est bientôt rentrés. Mais je n'ai plus l'impression que pour lui, un jour ça ira. Ça fait un peu peur.
La percée de Lumière... Effet bizarre. C'est ça le mal du pays ? Avoir envie de rentrer et ne pas avoir envie ? Ça me fourmille dans la patte.
On approche. Je crois que ça n'a pas envie et je ne veux pas que ça se voie. Faut forcer, mais je traîne la patte. Faiche. Newt me regarde, j'aime pas ça. A peine regardé les gens alignés sur la voie retour tellement je pense au mauvais tour que joue la jambe. J'essaie de pas y penser, mais c'est là .
Et quand Phénice enfin on y est, j'ai à peine du plaisir ; je n'y suis qu'à moitié.
[…]