Sans connaître les rouages exacts, je pense que c'est un peu plus compliqué que cela.
Initialement je doute que l'expansion à l'étranger ait été envisagée, c'est quand même peu courant dans l'édition française.
A fortiori, le Livre 2 est sorti bien avant que l'ouverture au marché anglophone ne soit commencée.
Quand il en a été question, leurs contacts sur place leur ont indiqué que le packaging français (livre 2 + écran) ne marcherait sans doute pas des masses outre-Atlantique : pour une raison que j'ignore ce ne sont pas de grands amateurs d'écran.
C'est donc plusieurs mois/années après la sortie de la V1 qu'ils ont développé le contenu augmenté.
Tout en sachant que concernant les financements eux-mêmes, c'est là aussi du crowdfunding, sur Kickstarter. Si les fonds des ventes françaises ont servi, à mon avis c'est marginal (et par ailleurs je ne vois pas bien en quoi c'est pire. Une fois la thune gagnée ça les regarde comment ils l'investissent à la rigueur... Tu ne vas pas demander à une multinationale ou une autre de cloisonner ses bénéfices il me semble, si ? C'est la seule façon de faire passer son activité du national à l'international).
Ça c'est pour l'existence même de cette V2.
Ensuite concernant le crowdfunding proprement dit, je ne sais pas trop quoi en penser.
Personnellement le modèle me plaît, parce qu'au final ça va en général plus loin qu'un achat "classique". La seule contrainte c'est l'investissement qui se fait plusieurs mois avant réception du produit. Voilà niveau consommateur.
Pour ce qui est des éditeurs, il suffit de jeter un oeil sur le marché français pour se rendre compte que c'est apparemment un système soit rentable, soit pertinent (car plus ou moins couplé à une étude de marché : si le financement minimal est atteint, c'est que la demande du public est suffisante donc on lance la prod), voire les deux.
Les Ludopathes, Esteren, Black Book, beaucoup font ce choix, avec des résultats divers (cf critiques sur la politique des Ludopathes au niveau de leur forum -actuellement mort depuis deux semaines- et leur facebook, notamment suite à l'annonce maladroite du recrutement d'illustrateurs à prix plancher pour Ars Magica, qui a pourtant bénéficié d'une campagne très réussie et donc de fonds conséquents, surtout que ce n'est "que" de la traduction en définitive, y'a pas besoin d'auteurs pour produire le contenu.
Enfin là -dessus on verra le produit définitif. J'aime beaucoup Yann, et les Ludopotes sont en général sérieux dans leurs gammes alors wait&see).
Longue parenthèse ma foi. Fin de la digression.
Donc non, je ne pense pas que ce soit lié au côté bénéficiaire ou non de la gamme, c'est juste un fonctionnement plus pratique pour eux je suppose, avec plus de liberté aussi j'imagine.
En tout cas l'adoption par plusieurs acteurs du JdR français le laisse penser.
En revanche, je ne doute pas que cette politique se révèle in fine PLUS rentable que les filières classiques, ce qui peut aussi expliquer le choix.
À savoir quand même que pour le cas particulier d'Esteren, les campagnes de crowdfunding françaises portent sur des produits collector, qui ne verront pas le jour en magasin pour ne pas court-circuiter leur distributeur officiel, Iello.
Les gammes "traditionnelles" (livres de base notamment) n'y sont accessibles qu'en quantité limitée, pour les gens qui débutent le jeu. Mais d'une manière générale ils incitent à aller acheter les ouvrages classiques en boutique.
Ce n'est par exemple pas vrai dans le cas de Black Book, qui fait le choix du crowdfunding en tant qu'outil de pré-commande et de distribution à part entière, et l'annonce d'ailleurs clairement.
L'un n'est pas meilleur que l'autre, à mon sens, ce sont juste deux orientations légèrement différentes.
Pour ce qui est de cette campagne spécifique Esteren, il est bien question d'annoncer la couleur : en participant, on s'assure l'acquisition d'un produit collector (personne n'a de pistolet sur la tempe) et on contribue à la réimpression. Cela couvre seulement une partie des risques pour l'éditeur, car c'est souvent périlleux pour une réimpression comme je l'expliquais dans le premier post.
De plus, dans cette campagne et dans d'autres (Pavillon Noir chez Black Book par exemple), la transparence va jusqu'à annoncer que tel ou tel pallier franchi dans le financement permet d'augmenter les revenus des auteurs ou de l'équipe en général.
Dans une campagne précédente Esteren, Forgesonges avait même détaillé précisément l'utilisation des sommes collectées, suivant le niveau de contribution apporté.
Je comprends certains reproches faits aux plateformes de crowdfunding, mais je trouve qu'au moins des efforts de transparence sont faits.
Je sais que toi et d'autres avez des réticences sur ce mode de financement, on a déjà eu l'occasion d'en débattre (et je ne doute pas que ça reviendra
).
Pour ma part j'ai participé à quelques uns, et j'attends de recevoir les produits pour me prononcer plus avant, mais ça me semble quoi qu'il en soit une piste intéressante à explorer, surtout si ça permet de redynamiser le marché.
Voilà voilà .
Si les modos estiment que cela mérite un sujet à part entière et que la discussion crowdfunding déborde trop pour cette section, on pourra ouvrir le débat ailleurs !