La Fracture religieuse
Au début du XVIème siècle, l'Eglise Catholique est figée et surtout soucieuse de préserver ses acquis temporels. Certaines pratiques heurtent les esprits comme la vente des indulgences qui permettent de racheter des années de purgatoire. En même temps, le développement de la Renaissance, de l'humanisme et des idées nouvelles amènent les intellectuels de l'époque à réfléchir sur la religion. Le Protestantisme qui apparaît alors est issu de la confrontation entre une église figée et un besoin de renouvellement de la foi. Il génère une fracture qui débouche sur un schisme: les Protestants se séparent de l'Eglise Catholique. Cette séparation est la cause des Guerres de Religion qui s'étendent dans le nord de l'Europe, les trois régions les plus concernées sont d'abord l'Allemagne (l'Empire), la France et les Pays-Bas.
Du côté des catholiques, la lutte est conduite par le pape au plan spirituel, la papauté essaye de maintenir l'unité religieuse avec la réunion du Concile de Trente, mais dès le départ ce concile est bien plus la définition de la Contre-Réforme, on y organise la lutte spirituelle et même temporelle contre les protestants.
Paul III, Luther et Jean Calvin Le bras armé du catholicisme est la famille de Habsbourg avec d'abord l'Empereur Charles-Quint puis dans la seconde partie du XVIème siècle, son fils Philippe II d'Espagne, qui est le champion de la contre-réforme. En pratique, les Habsbourg veulent établir leur domination politique sur l'Europe et leur alliance avec le pape et les mouvements catholiques doit aussi être resituée dans cette perspective. C'est dans l'Empire (partie Allemande) que les premiers conflits religieux sont apparus; en effet Luther (qui était moine à Wittenberg en Allemagne) est le principal fondateur de la religion Protestante. A l'issue d'une longue lutte, les Protestants Allemands parviennent à se faire reconnaître officiellement par Charles-Quint lors de la Diète d'Augsbourg en 1555. Les princes allemands peuvent choisir leur religion et celle de leurs sujets. Ils s'imposent dans plusieurs états et leurs troupes deviennent alors disponibles. Plus tard, ces troupes (les mercenaires allemands) vont apporter une contribution significative aux protestants français.
Charles Quint et son fils, Philippe II En 1555, Charles-Quint abdique et les Pays-Bas passent sous la tutelle de son fils Philippe II d'Espagne. Il est confronté à l'opposition des protestants de la province, la lutte est sans merci, elle oppose les Gueux situés essentiellement dans les provinces du nord (Union d'Utrecht) aux espagnols du duc d'Albe qui bénéficie du soutien des provinces du sud (Union d'Arras). La répression conduite par le duc d'Albe est terrible, son successeur, Alexandre Farnèse, duc de Parme est plus conciliant. Pour autant la guerre va durer plus de quarante ans (1566-1609) et à certains moment s'entrecroiser avec le conflit en France. En pratique, les Provinces du nord (Provinces-Unies: Hollande) finissent par gagner et obtiennent leur indépendance à l'issue du conflit.
Le duc d'Albe, le duc de Parme et leur ennemi : le prince d'Orange Aprés 1560, la France est à son tour atteinte, le conflit va y sévir pendant prés de 40 ans. La France était jusque-là sous le règne de Henri II, un homme taciturne, peu enclin à rire et à sourire, et bien moins bon vivant que ne l'était son père, le roi François Ier. De fait, Henri II était son fils cadet et il n'était donc pas destiné à régner ou à affronter les conflits politiques qui secouent l'Europe, à cette période. Lui et son frère, le dauphin Louis, passent une partie de leur enfance à l'étranger, en tant qu'otage des Hasbourg après que leur père ait signé le Traité de Madrid en 1526. Le prince Henri garde des séquelles de ces quatre années d'emprisonnement, ainsi que de la haine pour ses geoliers, mais aussi pour son père qui le fera expulser de la cour peu de temps après son retour en France (sur motif qu'il ne convenait pas au décor : il faut préciser qu'il faisait sans arrêt la gueule), et l'obligera à épouser l'étrangère Catherine de Médicis (afin d'appuyer ses revendications sur la Romagne). Henri préfère malgré tout la compagnie de sa préceptrice et future favorite : la duchesse Diane de Poitiers.
François Ier, Henri II, Catherine de Médicis et Diane de Poitiers Henri II devient dauphin de France et duc de Bretagne en 1536, après la mort de son frère aîné, et accède au pouvoir en 1547. Un vent d'austérité se fait immédiatement sentir à la cour où le nouveau roi chasse sans ménagement les anciens conseillers de son père pour redistribuer les charges et les honneurs à ses plus proches compagnons : le connétable Anne de Montmorency, le maréchal Jacques d'Albon de Saint-André et sa première favorite, Diane de Poitiers. Il favorise aussi la famille de François Ier de Lorraine, duc de Guise, qui deviendra avec son frère, le cardinal de Lorraine, l'une des familles les plus proches du pouvoir après le mariage de leur nièce, Marie Stuart, reine d'Ecosse, avec le dauphin François II, en 1558.
Anne de Montmorency, Jacques d'Albon, et les frères François et Charles de Lorraine L’ascension fulgurante des Guise rassure certaines personnalités proches du monarque, comme la reine Catherine ou la favorite Diane, mais leur statut d'étrangers à la cour, ainsi que leurs ambitions démesurées, déplaisent aux princes de sang et aux membres de l'ancienne noblesse française (dont les Châtillon-Montmorency sont les puissants représentants). Mais au-delà de la sphère politique, le véritable point de discorde reste la religion : les familles des princes de sang (Bourbon) et des Châtillon-Montmorency comptent plusieurs adeptes de la religion réformée dans leurs rangs alors que Catherine de Médicis et Diane de Poitiers sont d'aussi ferventes catholiques que le sont les Guise. C'est au nom de cette sainte discorde que tous les gentilshommes qui entourent ce paragraphe périront d'une mort violente et douloureuse au cours des prochaines années ; celles qui marqueront le début des guerres de Religion.
Le roi Antoine de Navarre, le prince de Condé, François d'Andelot et l'amiral de Coligny, tous adeptes de la Réforme Pour approfondir :