Pendant ce temps, autour de Vaumadeuc... (lecture pour Gouyon, Skelymoore, puis Brimont et Vanzetti)
Lorsque le duc mourant reçoit Alix-Morgan, ce dernier en ressent autant, voire même plus ! de douleur que si son propre père se trouvait à cette place. Vaumadeuc s’attend à ce que le duc lui demande de rester fidèle à sa Maison, mais il n’en est rien. En revanche, il lui demande de veiller à ce que la vengeance ne guide point sa Maison pour qu’elle ne lui apporterait que plus de ruine, puisqu’il ne fallait point irriter Dieu qui nous commandait de pardonner à nos malfaiteurs et Lui laisser le soin de la vengeance. Et que chacun qui l’aimât prenne la résolution en son mal, comme il l’acceptait lui-même, chose qu’il dira également à sa femme
MARS
Contrairement aux recommandations du duc de Guise, sa Maison ne décolère pas de sa mort et persiste dans l’accusation de Coligny. Aumale et Anne d’Este sont déterminés à faire tomber l’amiral et nourrissent le jeune Henri, malheureusement en âge de comprendre mais pas de prendre du recul, d’un sourd désir de vengeance.
Vaumadeuc tente humblement, mais à plusieurs reprises, de rappeler les sages et pieuses paroles de son capitaine ; elles sont accueillies à chaque fois avec un peu plus de mauvaises grâces, et Aumale, comme à son accoutumée, ne retient pas le mépris grandissant qu’il a pour l’insignifiant Breton. La dame d’Este est plus mesurée, mais lui retire peu à peu son affection.
[enquête sur les pamphlets]
Au matin du 26 mars, le Breton et sa troupe quitte Paris. En fin de journée, le destin est cruellement joueur, car il s’avère que le relai atteint n’est autre que celui de… Méré… Vaumadeuc avait promis à son médecin qu’ils resteraient qq temps au premier relai, pour ne pas risquer d’aggraver son état. Mais ce nom, ce lieu… le noble ne peut se résoudre à demeurer dans le fief du meurtrier de son ancien maître. C’est donc le lendemain au relai suivant, à Dreux, dernier haut-lieu des victoires du duc, que la compagnie s’arrête pour quelques temps.
Une petite semaine passe durant laquelle les relations se raffermissent au sein du groupe. Alix-Morgan est peu visible et doit prendre beaucoup de repos. Brimont est souvent à son chevet à sa demande, afin de lui faire passer le temps par la lecture. Gouyon et Skelymoore ne se lassent pas de raconter la capture de Condé à qq km de là :
- Condé restait maître du champ de bataille ; les huguenots se proclamaient vainqueurs. Mais, l’armée du duc était prête pour la troisième phase. Il était demeuré immobile pendant la première partie de la journée, semblant indifférent : il laissait le connétable s’enliser dans le conflit contre les forces de Coligny qui s’épuisaient elles aussi, peu à peu, usées par la résistance héroïque des Suisses face aux lansquenets allemands. Ces deux engeances-là ne peuvent pas se supporter !
Attendant le moment propice, Guise s'avança alors à la tête de sa cavalerie, portant sur son armure un mantil de treillis noir, ayant à ses deux étriers son infanterie au pas de charge, les Gascons de Charry à droite, les Espagnols de Carvajal à gauche.
Sur cette masse disciplinée et compacte, Condé fondit avec sa cavalerie fatiguée. Et c’est là que mon oeil d’aigle repéra l’opportunité ! Malgré le feu de l’action, il est un moment fugace où le prince est quelque peu isolé : son cheval vient d’être blessé à l’épaule d’un tir d’arquebusade. Nous lançons nos chevaux sur le prince et celui de Vaumadeuc, plus rapide, renverse celui de Condé, alors que les deux cavaliers croisent le fer ! Nous nous positionnons en étau pour couper toute retraite au prince ou prévenir d’une aide quelconque.
Dans le tumulte de la chute, la pointe de l’épée de Vaumadeuc vient même effleurer le visage de Condé ! Il s’en est fallu de peu qu’il ne perde un oeil dans l’entreprise !
Nous maîtrisons vite le prince avec tout le respect que la situation permet et que son rang exige. Puis, nous l’avons ramené au duc de Guise. Il n’en croyait pas ses yeux ! Il nous a donné l’accolade, nous a appelés “ses garçons”... Et notre seigneur a reçu ensuite le commandement d’une compagnie d’ordonnance ! La soixantième !
AVRIL
Il faudra une nouvelle semaine pour atteindre le domaine du Vaumadeuc. A Rennes, Brimont quitte la petite troupe pour retourner dans une vie active qui se doit d'être discrète.
Une fois rendu au domaine de Vaumadeuc, Alix-Morgan fait dresser la couleur politique des voisins de son domaine et des grands de la région par son cousin Gouyon.
Au début de sa convalescence, Loïs et son père se mettent en tête de s'attacher les service d'un apothicaire privé ; Tudi connait un excellent expert sur Rennes : Gédéon Kerien. Et avec les pressions qui commencent à peser sur la profession dans la très catholique Bretagne, non seulement un apothicaire privé deviendrait une relation précieuse, mais en plus, celui a qui l'on proposerait ce poste serait sans doute pas trop regardant sur le manque à gagner financier...
Dans les 1ers temps de son séjour, Alix-Morgan écrit également au duc de Nemours et transmet son courrier par l’intermédiaire de Skelymoore et Vanzetti. Colon ne souhaite point s'éloigner de son ami récemment retrouvé, le jugeant trop vulnérable. Une réponse lui parviendra de Lyon, vers la fin du mois d’avril.
MAI
Au début du mois de mai, les Guise sont à la cour et le 6, Aumale engage un procès contre Coligny.
De son côté, le seigneur breton va mieux et peut de nouveau se présenter à la cour. Il revient avec les signatures de la noblesse, comme demandé par le cardinal. Mais sachant la désapprobation de son ancien maître, Vaumadeuc ne cautionne guère l’action, et n’avait pas demandé à son jeune cousin d’être particulièrement fervent dans la récolte de ces signatures. Et apprenant l'engagement judiciaire des Lorrains, par cette concrétisation de vengeance, Vaumadeuc sent son attachement à la Maison de Guise se délacer.
Le 16 mai, appuyé par des déclarations du prince de Condé et de Montmorency au nom de sa famille, tendant à disculper Coligny, l'arrêt du roi en conseil privé suspend jusqu'à nouvel avis le cours du procès entre les Guise et les Châtillon, causant aux premiers un fort déplaisir qui ne fait qu’envenimer leur rancoeur.
Alix-Morgan reste cependant à la cour, et se rapprochant d’anciens compagnons, il se retrouve dans l’entourage de la reine. Mais les manigances qu’elle ourdit pour s’attacher les gentilshommes de l’ancien Lieutenant Général et le jeune âge du roi qui promet de trop longues années de régences avant d’avoir un homme de guerre à la tête du royaume, ne conviennent guère à Vaumadeuc. Il repousse avec une froide constance et courtoisie les avances des diverses dames de cour que lui envoie Catherine.
L’entêtement des Guise, trahissant les dernières volontés du duc et la pression grandissante que la reine lui fait subir par l’entremise de ses dames d’honneur, pousse Vaumadeuc hors de la cour. Sous le motif familial, il prend donc congé des Guise, qui ne montrent que peu de peine de ce départ. Il laisse cependant Vanzetti à la cour, pour l’informer des évènements à venir.