Oui… la liberté a un prix.
Et le vôtre, c’est de ne pas exister aux yeux de la société. C’est de vivre dans l’ombre justement. Dans l’ombre des buildings dont vous voyez les lumières scintiller la nuit en vous demandant qui elles peuvent bien éclairer.
Sûrement l’un de ces corpos, forçats du salaire, à trimer jusqu’à pas d’heure au milieu de la nuit après s’être entasser au petit matin dans des transports publics bondés comme du bétail que l’on envoie à l’abattoir.
Et qui sait, le gars sera peut toujours là à son bureau quand ses collègues arriveront au matin…
Sûr qu’avec vos talents, vous pourriez vous trouvez une bonne place là-dedans, pour peu que vous ayez un casier relativement vierge. Et même s’il ne l’est pas, si l’on accepte de devenir une ressource jetable et de finir, un jour, sous la forme d’un petit chiffre dans la colonne « perte » du bilan…
Peut-être même que vous pourriez monter en grade dans ce monde de requins. Mais il faut commencer par ravaler tout amour-propre, savoir lécher des culs et avoir le sourire pour trouver ça bon. Ensuite, si l’on a de la chance, on peut regarder les autres de haut, même si on finit par avoir la langue râpeuse…
Mais ce n’est pas le lot de la majorité de ces forçats. Ceux-là, vous les croisez tous les jours dans la rue ou dans un bar, le regarde éteint, devant un soycaf ou une soybeer… Pfffff… Ils n’ont même pas les moyens de s’acheter un « vrai » café ou une « vraie » bière…
Finalement, les vraies ombres, c’est peut être eux…
Cela dit pour beaucoup, votre situation n’est pas vraiment enviable. A l’heure où la technologie est partout, de la vidéo surveillance à chaque coin de rue, des réseaux sociaux et des bases de données interconnectés, être une ombre et surtout le rester n’est pas une chose facile.
Il faut bosser et gagner de quoi se payer son prochain repas et avoir un toit au-dessus de la tête. Peut-être même avoir de quoi mettre de côté pour vous payer votre retraite sur un petit carré de plage aux caraïbes avec l’option lunette de soleil et mojito fait avec du vrai rhum et de vraies feuilles de menthe… le luxe suprême…
Mais avant pour cela, il va falloir arpenter les ombres, des fois même se salir les mains et avoir une chance non négligeable d’avoir sa cervelle se répandre dans le caniveau…
Le tableau n’est cependant pas complétement sombre. On arrive à se faire des potes, plus que des frères d’arme. Puis les occasions de rendre les choses meilleures ne manquent pas. Peut-être même vous trouverez-vous une cause digne d’être défendu…