Orpheus - Épilogue

[LarrxX]

Grand-Mère fait sa grosse sieste digestive, pouvant se réveiller à n'importe quel moment et ses enfants terribles en profitent pour chahuter, et venir jouer dans notre monde sans surveillance, et sans personne pour les tenir à carreau.

Et ça, c'est inacceptable.

Konrad fait tout ce qu'il peut pour combattre ces spectres et leurs maîtres Malféens, pour bien leur faire comprendre que notre monde n'est pas leur garde manger personnel. Avec le temps, il monte une armée de fantômes (voire même de spectres sympathisants?), crée des sanctuaires un peu partout et les utilise comme des camps d'entraînement de choc. Une armée entraînée au combat direct et brutal. Une force de frappe brute et violente, qui n'est pas là pour négocier ni faire dans la dentelle: si vous venez chez nous, on vous casse la gueule. Point.

Il est brutal et sans merci, et certains le suivent par crainte, d'autres par respect et encore d'autres par conviction. Ce sont ces derniers les plus dangereux, qui trouvent une excuse pour assouvir leur soif de violence en la cachant sous un revêtement de moralité positive: "C'est de la violence nécessaire, c'est pour protéger l'humanité!" vous diront-ils.

Et oui, cette violence engendre de la haine, du ressentiment, de la Rancœur, et pas mal des disciples de Konrad risquent d'y succomber. Mais ce dernier sait désormais transformer ces futurs spectres en Orphan Grinders, encore plus puissants et plus terribles que les fantômes "normaux", capables de se nourrir de cette Rancœur et la retourner contre les Malféens.

Mais cette rustine n'est pas une solution permanente. Même les Orphans Grinders ne peuvent lutter contre l'appel insidieux du côté obscur et, plus ils assouvissent leur soif de pouvoir, plus ils s'y précipitent la tête la première.

Et certains disent que Konrad risque de basculer du jour au lendemain...

[Luciole]

Il y a deux semaines,  nous avons tué Grand-mère.

Au prix de nombreuses pertes,  sur lesquelles je ne m’attarderais pas, au plus profond du labyrinthe, après l’échec cuisant du plan de Sulabik, nous avons déclenché le plan B, et il a fonctionné. J’ai encore du mal à me dire que c’est fini. D’ailleurs, je doute que ça le soit. Il reste les malféens, il reste le voile à moitié déchiré…Mais on va me reprocher de voir le verre à moitié vide.
Nous avons tué Grand –mêre. La menace d’annihilation qui planait sur tous les hommes et les esprits n’est plus. Certes, il y a maintenant un grand trou à la place d’ ( Honk Hong ?) et la disparition de ces innombrables âmes restera longtemps inexpliqué. Dommage Collatéral. Je ne suis pas triste pour eux, je ne les connaissais pas. Je ne suis pas triste pour eux, j’ai perdu ma morale depuis longtemps. C’était nécessaire.
Tout l’athanor a survécu. Je ne m’y attendais pas, à vrai dire je n’avais pas envisagé l’après. Mais après nous y sommes, et même si Grand-mêre n’est plus là, il reste beaucoup à faire. Au travail.

Il y a deux ans, nous n’avons pas tué Grand-mère.

Nous le savons à présent. Petit à petit, les indices prouvant qu’elle n’est qu’en  sommeil se sont multipliés. Avons-nous pour autant échoué ? Je ne crois pas. Les gens vivent toujours, les esprits sont toujours là. Certes, nous n’avons pas vaincu, mais la guerre n’est pas finie. Nous avons une arme, nous avons notre expérience.
L’avant-poste que nous avions établi dans la Cité sans nom c’est transformé en Bastion contre les forces des Malféens, comme nous l’avions prédit, le sommeil de Grand-Mère représente une opportunité pour eux. Pour conserver son rôle de « chef des Malfeens » Fianandaines semble avoir décrété que nous étions les nouveaux ennemis. Heureusement pour nous, aux yeux des autres nous ne représentons pas une menace suffisante pour qu’il puisse continuer à diriger les autres comme il l’entend. Par rapport à Grand-mère nous demeurons une menace anecdotique, et sans l’ombre de l’annihilation planant sur eux, les Malféens ont recommencé à se battre entre eux.
Nous avons un devoir, à défaut d’être toujours « vivants» quand Grand-mère reviendra, nous devons transmettre toutes nos connaissances et notre savoir à ceux qui nous succéderons. Nous devons les préparer, les entraîner, les conseiller. Lorsqu’elle reviendra, nous seront prêts.