Festival du Roi Arthur 2014, jour 1:On commence par l'apéro avec un groupe local,
Kids of maths. De la pop très influencée par la cold-wave, chantée en anglais qui sent la Jelly (comme c'est la mode en ce moment). Talentueux, relativement marrants malgré le public très clairsemé qui n'était pas venu pour eux, mais bon, on a déjà entendu tout ça (ou quelque chose qui y ressemble beaucoup) dans les années 80, et je crains que beaucoup de groupes actuels ne creusent déjà ce sillon, c'est le problème d'être "à la mode". Ceci dit, ils sont très rafraîchissants et c'était assez sympa pendant les 45 minutes qui leur étaient imparties; je me serais probablement fait chier au bout d'un quart d'heure de plus.
On enchaîne, sans pause aucune, avec
Talco, un groupe italien de Ska-punk anti-fasciste. Très bons, et relativement fidèles à leur double étiquette "ska" et punk, mais pas très originaux dans leur style (enfin, il y a quelques trouvailles, mais rien d'inoubliable); il est vrai qu'il est très difficile de se démarquer dans ce style de musique si particulier et si marqué par le tempo. 1h sans ennui, mais sans enthousiasme particulier.
Hop, toujours sans arrêt aux stands,
Oldelaf, qu'on ne présente plus. Les paroles (assez connues maintenant) sont servies par une très bonne densité musicale, et c'est presque étonnant: On va largement au delà de la "chanson"; le tout est agrémenté d'un jeu de scène assez varié, qui raconte au passage des histoires à moitié vraies à moitié fausses sur les différents musiciens (Le batteur de Sardou, quoi!). Par ailleurs, les chansons du nouvel album dépassent le cadre de la pochade à laquelle on pourrait s'attendre. 1h qui déchire!
Les dernières nappes de clavier-guitare n'ont pas le temps de s'éteindre qu'elles sont coupées par les gerbes d'électricité de
The Craftmen Club. Du rock frontal, assez mélodique et talentueux, servi par une grosse présence scénique et une énergie communicative. Des chansons en anglais qui sent bon, mais avec une réelle inventivité dans les riffs, ce qui est plutôt rare, et une certaine virtuosité. La seconde meilleure découverte de ma soirée, et 1h qui valait le coup d'avoir mal aux pieds!
Première véritable pause sonore de la soirée: Quelques minutes de silence précèdent l'entrée de
Babylon Circus, la tête d'affiche officielle de la soirée. Du ska festif engagé (comme c'est original...), chaleureux (vaut mieux, pour du ska) et généreux (voire dégoulinant de bons sentiments). C'est peu dire que je n'ai pas aimé. Non qu'ils soient mauvais, ce sont manifestement de bons musiciens, mais... Pas de ska dans les oreilles, plutôt une sorte de rock festif et métissé gâché par des rafales interminables de croches à la grosse caisse. 75 minutes (dont 20 minutes ennuyeuses de saluts sirupeux voire putassiers en fin de set) longues comme un voyage interplanétaire et un vif soulagement quand ça s'arrête.
L'Opium du peuple, lui, ne se fait pas attendre en chauffant le public immédiatement avec une bande enregistrée délirante, avant de lâcher une rafale de riffs métal et punk (batterie, basse, 2 guitares et chant, 100% testostérone habillée en noir) sur des reprises de chansons de variété connues (Les Corons, etc.). 3 chansons entrecoupées des piquets de grève des choristes/danseuses virées l'après-midi même, avant que lesdites jeunes femmes ne kidnappent le chanteur et prennent sa place; c'est là que le délire commence réellement, repousse les limites du mauvais goût avec chorégraphies obscènes, revendication intelligente, strip-teases hilarants, bastons sur scène et... cornemuse punk, toujours accompagnés de guitares saturées hurlant des riffs sauvages sur des chansons populaires torchées à fond la caisse. On termine sur un Hard-Rockcollection agrémenté de toujours plus de délires venus d'une autre galaxie, et bouclé par un message publicitaire encore plus perché à base de pin's parlants et de stérilets. Musicalement, c'est beaucoup plus riche que cela n'y paraît, et la greffe des mélodies et paroles de variété sur des tempos de fous furieux accomplit à merveille le décalage recherché. 1h, c'est trop court pour cette découverte numéro 1 (et de loin) de la soirée.
Là ou les Craftmen portaient le flambeau du rock exalté,
Les Sales Majestés portent elles celui du punk des origines, le groupe que j'étais venu découvrir, ne les connaissant que de réputation. Ils ne laissent pas le public se remettre des riffs de l'Opium et mitraillent les leurs immédiatement. Je suis un peu déçu, suffisamment pour que je ne reste pas jusqu'à la fin, pas suffisamment pour ne pas leur laisser leur chance sur disque; leur présence scénique n'est pas en cause, mais leur musique est un peu trop binaire à mon goût, trop boum-boum (comme Babylon Circus, mais moins quand même) et pas assez mélodique pour du punk; le résultat sera probablement meilleur sur disque, c'est tout. Par ailleurs, les paroles me semblent trop "sociales" et morales, mais c'est vraiment une question de goût.