je viens de retomber par hasard sur le texte suivant (attention pour le suspense ne lisez pas la fin avant d'avoir lu le début, je n'ai pas peur de préciser....
)
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Certitude d’ISAAC ASIMOV[/align][/align]
Voici l’introduction de l’auteur à cette nouvelle :
Des quatre nouvelles courtes que je présente dans cetteanthologie, celle-ci est ma préférée.
Si, lorsque vous l’aurez terminée, vous ne vous faîtes pasmal au diaphragme à force de gémir et de grogner et d’émettre toute sorte deprotestations bruyantes, je serais vraiment très, très désappointé.
Comme toutle monde le sait, en ce XXXe siècle de la Terre, les voyages dansl’espace sont épouvantablement assommants et prennent beaucoup trop de temps.Assoiffés de distraction, beaucoup de membres des équipages bravent lesrestrictions de quarantaine et embarquent des animaux familiers ramassés surles nombreux mondes habitables qu’ils explorent.
Jim Sloaneavait un pierron qu’il avait appelé le Veilleur parce qu’il restait là ,immobile, à l’endroit où on l’avait posé ; mais il levait parfois un desses coins pour absorber du sucre en poudre. C’était tout ce qu’il mangeait.Personne ne l’avait jamais vu bouger mais, de temps à autre, on ne leretrouvait pas tout à fait à l’endroit où on l’avait laissé. Certainssoutenaient qu’il bougeait lorsque personne ne le regardait.
Bob Lavertyavait un héli-ver qu’il avait appelé Poupette. Il était vert car il effectuaitla photosynthèse. Parfois il se déplaçait pour avoir plus de lumière et alorsil enroulait son corps vermiculaire et avançait très lentement comme unehélice.
Un jour, Jim Sloane défia Bob Laverty à la course.
« Mon Veilleur peut battre ta Poupette.
-Ton Veilleur ne bouge même pas !
-Je parie que si ! »
Tout l’équipage participa à la compétition. Même lecapitaine risqua un demi-crédit. Tout le monde misa sur Poupette. Le ver, aumoins se déplaçait.
Jim Sloanecouvrit tous les paris. Il avait économisé son salaire de trois voyages et ilmit jusqu’à son dernier millicrédit sur le Veilleeur.
Le départde la course devait avoir lieu à l’une des extrémités du grand salon. Al’autre, on avait disposé un tas de sucre en poudre pour le Veilleur et unprojecteur pour Poupette. Le ver forma aussitôt une hélice et se mit à avanceren spirale, très lentement, vers la lumière.
Tout l’équipage l’acclama.
Le Veilleurresta là , sans bouger.
« Du su-sucre, Veilleur. Du su-sucre », dit Sloaneen le lui montrant du doigt. Le Veilleur ne remua pas d’un millimètre. Plus quejamais il avait l’air d’une pierre, mais Sloane ne semblait pas s’inquiéter.
Pour finir,lorsque Poupette eut parcouru, à grand renfort de spirales, la moitié du salon,Jim Sloane dit, avec désinvolture au pierron : « si tu ne bouges pasde là Veilleur, je vais prendre ce marteau et te réduire en petits cailloux. »
C’est alorsque l’on découvrit pour la première fois que les pierrons étaient télépathes.Et par la même occasion, on apprit aussi qu’ils pouvaient se téléporter.
Sloane n’avait pas plus tôt fini d’énoncer sa menace que leVeilleur disparut tout simplement de l’endroit où il était et reparut sur letas de sucre.
Sloaneavait gagné et il se mit à compter lentement, voluptueusement ses gains.
« Tu savais que cette sacrée bestiole pouvait setéléporter, lui dit Laverty avec amertume.
-Non, absolument pas, répliqua Sloane, mais je savais quemon pierron allait gagner. C’était, pour moi, une certitude.
-Et pourquoi ?
-Il faillait bien que le Veilleur gagne. »