Vous l'attendiez, le voilà ! En fait d'un compte-rendu, il s'agit plus d'une "romanisation" de la dernière séance, j'admets...Mais ça m'a plus de faire ça, c'est juste long
Marcus et Rochraël avait quitté le village de Douhameau depuis quelques minutes à peine, lorsqu’il décidèrent de sortir du chemin tracé pour couper par la forêt. Ils connaissaient parfaitement la direction de leur destination, Pont de l’Ours, et étant bien moins nombreux que leurs adversaires, arriver par la route, visibles et exposés était donc un risque inutile voire un comportement suicidaire. Furtifs et agiles, il se faufilaient entre les arbres et les buissons avec la facilité des êtres habitués à courir dans les bois, trouvant aisément le chemin le plus facile entre les frondaisons et les fossés.
Petit à petit, la végétation se raréfia, les arbres se rabougrirent, les herbes se firent sèches, la terre poussiéreuse. Ils approchaient du campement ennemi, la forêt brûlée, maltraitée, en témoignait. Ralentissant le pas, ils avancèrent alors de couvert en couvert, toujours cachés par un arbre, une pierre un fourré ou une irrégularité du terrain. Devant leurs yeux se dessinait une haute muraille de pierre jaune veinée de rouge. Au fur et à mesure qu’ils se rapprochaient, les détails se précisèrent : la roche était presque lisse, haute de trente mètres et entourée de terrain découvert sur une bonne vingtaine de mètres. Un passage, droit et nettement tranché, large comme quatre hommes s’ouvrait face aux deux aventuriers, toujours cachés dans les résidus de végétation. Marcus fit signe à Rochraël, perturbée par ces lieux qui puaient la destruction gratuite de la Nature : deux sentinelles orques se tenaient au sommet de l’escarpement qu’on avait surmonté d’un petit pont de bois. La partie semblait mal engagée : le bastion était entourée d’un mur infranchissable et la vaste zone a nu l’encerclant rendait toute approche impossible sans être vu par les deux guetteurs. D’un commun accord, ils décidèrent de faire le tour de l’édifice, en quête d’un autre passage ou d’une voie d’accès.
Le soleil était bas sur l’horizon lorsqu’il revinrent à leur point de départ. Aucun autre passage dans cette épaisse muraille lisse et régulière. Un tel bastion intégré dans la pierre faisait plus penser à l’œuvre d’un dieu, ou d’une magie puissante, qu’à une structure naturelle. Un autre point inquiétait Rochraël : ils avaient passé la journée dans la forêt, mais n’avaient croisé aucun animal. Les traces d’activité récente étaient là pourtant, les signes de présence aussi. Simplement, ils restaient à distance, les évitaient, méfiants. Avaient-ils été tellement maltraités par les orques qu’ils en venaient à avoir peur même de leurs amis ? La colère de la Grugach montait à cette idée, mais Marcus la rassura. A son avis et il avait de bonnes raisons de le penser, c’était l’arc de chasse humain qu’elle portait dans son dos qui les effrayait. Cela mettait certainement le doute dans leur esprit, si elle était vraiment une Grugach ou autre chose. L’Elfe accepta cette possibilité, et confia son arme à Marcus pour la nuit. Il devait dormir à présent, pour être d’attaque demain. Elle, ayant besoin de moins de repos, souhaitait mettre ce temps à profit pour entrer en contact avec les habitants des lieux.
Après s’être copieusement frottée aux arbres, roulée dans la terre et frictionnée d’herbes sèches, elle s’installa au centre d’une petite clairière, sur une large pierre plate couverte de mousse. Fermant les yeux, elle se concentra pour appeler les animaux dégageant ce que les Grugach appelaient « l’odeur d’amitié universelle » et qui leur donnait ce lien si profond avec les créatures naturelles. Elle sentit la faune s’approcher d’elle, reconnu l’odeur de loups, de sangliers, de cerfs, les petits pas des rongeurs et le bruissement d’ailes des rapaces. Ils l’avaient reconnue comme une alliée, un être de la forêt. Marcus avait raison, c’était juste l’arc humain. Leur attention captée, elle leur fit comprendre la nécessité de défendre leur territoire contre l’envahisseur orque. Les massacres et les destructions n’avaient lieu que parce qu’ils fuyaient les peaux vertes. Ce n’étaient pas des prédateurs, c’étaient des ennemis universels, contre lesquels il fallait se défendre. Elle n’était pas certaine de pouvoir expliquer, faire passer correctement le message à ses hôtes, mais leur réaction fut claire et sans équivoque : ils avaient compris ce que suggérait la Grugach et étaient de l’avis de défendre la forêt contre tout orque qui s’y aventurerait. Ils feraient même passer le mots aux autres. Ils se dispersèrent en silence, non sans avoir chacun lancé à l’Elfe un regard d’accord et de compréhension (NDJK : merci le dé d’avoir fait une réussite critique : 16 avec le malus de +1, soit 17, pile la Sagesse de Rochraël
).
Rassurés d’avoir un soutient permanent, Marcus et Rochraël décidèrent d’un plan de bataille : attirer les orques à l’extérieur de leur bastion, puisqu’il semblait imprenable et les disperser dans les bois, les séparer et les éliminer un par un avec l’aide des animaux prêts désormais à protéger leur territoire. Pendant qu’ils devisaient, ils purent observer la relève : deux orques portant une échelle venaient remplacer les sentinelles, qui la remportaient ensuite avec eux, avec milles précaution. Ils avaient donc un peu de temps devant eux. Ils décidèrent de tenter d’éliminer les guetteurs, dans un premier temps.
Bandant son arc, toujours cachée derrière les derniers arbres mais avec une bonne vue sur les orques, Rochraël prit son temps pour viser. Elle n’avait pas une grande expérience ou aptitude avec cette arme, mais les peaux-vertes étaient confiantes et ne faisait pas grand cas de protection ou discrétion : sans aucune armure, elles se tenaient nonchalantes et bien en vue dans cette attitude de bravade railleuse qui faisait la réputation de stupidité des membres de cette espèce. L’apprentie-druidesse tira sa première flèche, qui passa à deux mètres de la cible. La deuxième, bien ajustée en conséquence, se ficha dans l’abdomen de la créature, qui s’écroula dans un râle d’agonie. Apercevant son camarade mort, le second chercha son cor pour donner l’alerte. Marcus fit signe de l’éliminer : si les orques sortaient ensemble en formation de bataille, jamais ils ne pourraient les séparer et mettre leur plan à exécution. Rochraël réagit au quart de tour, tirant deux fois coup sur coup. Une flèche se planta entre les pieds de l’orque, la deuxième lui creva l’œil gauche, jaillissant de l’arrière de son crâne dans un flot de sang et de cervelle. Le soleil réchauffait tout juste l’horizon que déjà les corbeaux festoyaient.
Puisqu’il était encore tôt et que la relève n’aurait pas lieu avant une ou deux heures, il fut décidé d’aller discrètement jeter un œil au campement ennemi. Les orques étant probablement endormis, une entrée rapide et silencieuse permettrait peut-être de ramener Prune sans prendre plus de risque ni de s’attarder plus longtemps en ces lieux. Les deux aventurier s’engouffrèrent dans le passage, large comme quatre homme, l’Elfe rasant un côté et l’Humain l’autre, profitant de chaque recoin, chaque aspérité pour s’abriter d’une éventuelle surveillance. Arrivés à peu près à mi-parcours, ils purent observer le Cirque de l’Ours. Au milieu des murailles circulaires s’étendait une grande place vaguement circulaire, encombrée ça et là de quelques amas rocheux. Au centre, une immense statue d’ours, tournée vers l’extérieur, dominait l’imprudent qui s’aventurerait en ces lieux. Deux grottes s’ouvraient dans les falaises, dans lesquelles ou croyait discerner quelque début d’activité matinale. Marcus s’arrêta soudain d’avancer et poussant un juron, fit signe à Rochraël de le rejoindre pour qu’elle voit ce qui provoquait sa sourde et brutale colère. Sortie d’une des caverne, une grande silhouette à la maille rayonnante, coiffée d’un casque d’argent arborant deux fines ailes du même métal, venait de siffler ses soldats. Cinq peaux-vertes se regroupaient autour d’elle, alertes et équipées pour le combat. Sa peau de ténèbres, ses yeux écarlates et ses cheveux blafards, ses oreilles effilées ne laissaient aucun doute sur son origine : un Drow, un elfe des profondeurs, voué au service des puissances infernales.
Pour l’instant, il semblait haranguer ses troupes, défilant devant elles comme un coq devant sa basse-cour, qui ponctuait ses interventions par force grognement et levées d’armes et de bouclier. Les jeunes héros purent ainsi observer le blason de leur ennemi : une tour noire sur fond rouge, dont les fenêtres avaient la forme d’yeux démoniaques et la porte d’une bouche vomissant une flot de sang. De toute évidence, il fallait abandonner l’idée d’une infiltration et sauvetage au nez et à la barbe des bandits. Cependant, puisque leur chef était si bien en vue, se pavanant sous les yeux de tous, Rochraël estima qu’il fallait saisir l’occasion et lui planter une flèche dans le cœur.
Marcus frissonnait d’appréhension. Elle n’avait pas droit à l’erreur, car cela révélerait à coup sûr leur présence. Il la regarda ajuster soigneusement ses traits avant de faire feu. Deux flèches fendirent l’air coup sur coup, toutes deux à bonne distance de la cible. Rochraël, inexpérimentée, n’avait pas pris en compte le vent s’engouffrant dans le défilé et tournoyant chaotiquement dans le camp adverse. L’Humain blêmit, la Grugach pesta, le Drow pointa silencieusement les intrus et les Orques se ruèrent vers eux en hurlant et agitant leurs armes. Les aventuriers prirent leurs jambes à leur coup, l’apprentie-druidesse tentant de ralentir la course ennemie de quelques projectiles, en vain. Tirés au jugé et en retraite rapide, les flèches finirent leur course au sol ou fichées dans des boucliers. Dans le groupe des peaux-vertes, par contre, l’un d’entre eux n’eu aucun mal à toucher une cible non protégée et courant en ligne droite. Une violente douleur à la cuisse manqua faire trébucher la Grugach, que Marcus rattrapa de justesse. Tout n’était cependant pas perdu. S’ils attiraient leurs poursuivants dans la forêt, les éliminer serait un jeu d’enfants.
Mais les orques s’arrêtèrent à l’entrée de la passe, préférant la sécuriser pour remonter des sentinelles sur les hauteurs, au grand dam des deux fuyards qui tentèrent bien de les agonir d’insultes pour les pousser à les rejoindre. Ils étaient cependant trop disciplinés pour se laisser avoir. Une fois la troupe partie, Rochraël, obstinée par l’idée d’attirer vers eux les brigands, engagea un duel de tirs avec les sentinelles. Cependant, cette fois-ci elles étaient alertes et préparées, se dissimulaient derrière les rochers, bougeaient pour empêcher la visée. Dans les deux sens, des flèches fusèrent. Elle toucha légèrement un orque au bras, les traits adverses se plantèrent dans les arbres près d’elle ou glissèrent sur son armure. Rapidement, le vain échange cessa.
- On n’y arrivera pas comme ça Rochraël, faut tenter autre chose. On a d’autres possibilités, par exemple…
Marcus ne finit pas sa phrase. L’Elfe s’était soudain souvenue de la manœuvre qu’elle avait utilisée pour faire fuir les Bolewogs dans le marais il y a quelques temps. Portant les mains à sa bouche, elle poussa le cri d’attaque des Faucons de Sang, pensant effrayer les Orques. Pour toute réponse, elle ne perçut qu’un vague rire qui se noyait dans le trouble de sa vision se fermant, tandis que son flanc s’embrasait de douleur. Le jeune Initié du Temps la vit s’effondrer dans un coma profond, se vidant rapidement de son sang. Levant les yeux aux ciel, son compagnon se précipita pour arracher le projectile barbelé. Ouvrant une fiole de potion curative, il en versa une partie sur la plaie, vida le reste entre les lèvres déjà pâles, pestant contre la précipitation suicidaire de la Grugach. Rapidement, le trou béant dans son flanc gauche se referma, puis elle ouvrit les yeux dans un sursaut, portant la main à sa blessure toujours douloureuse. Quelque peu nauséeuse, elle écouta Marcus :
- Ce n’était pas du tout à cela que je pensais. Écoute, tu m’as déjà vu...comment dire…ralentir ou accélérer le temps non ? Si j’accélérais le temps pour toi, tu pourrais tirer beaucoup plus vite, et eux bougeraient plus lentement, donc tu pourrais les éliminer plus facilement non ?
Rochraël grommela un vague accord. Elle prépara plusieurs flèches devant elle, en prévision de la suite. Marcus sorti son sablier, le retournant plusieurs fois devant les yeux de l’Elfe, qui senti le monde autour d’elle ralentir. Peu confiante, elle encocha le premier projectile et visa la forme verte qui maintenant lui apparaissait affreusement maladroite. Malheureusement, son esprit toujours embrumé et pâteux ne parvint pas à s’acclimater à ces nouvelles conditions, aussi elle ne toucha que le vide. Les Orques, par contre, avaient bien noté sa position et ripostèrent derechef. Elle ne du son salut qu’à sa vitesse surnaturelle lui permettant de se prémunir des pointes acérées. Elles ne lardèrent que son épaule et sa hanche, là où elles auraient percé cœur et fémorale une fraction de seconde plus tôt.
- Il faut attendre quelques temps, que leur vigilance diminue, suggéra Rochraël dans un souffle. Nous retenterons quelque chose à ce moment.
- Nous devrions retourner à Douhameau chercher de l’aide à mon avis, suggéra Marcus.
- Hors de question, on n’y gagnerait rien ! Le temps d’y aller, d’expliquer, de préparer et de revenir, il fera nuit. Or, la nuit, vous les humains êtes inutiles ! S’il faut retourner à Douhameau, retournons-y en fin d’après-midi, puisque rien ne sera fait avant demain dans ce cas ! Pense à ce qu’ils sont peut-être en train de faire subir à Prune en ce moment !
L’Humain se rangea à la sagesse elfique et tous deux s’enfoncèrent plus avant dans les bois, hors de portée des arcs orques. Un peu de repos, un bon repas et Rochraël frotta une feuille de chêne contre sa blessure à l’épaule qui la gênait particulièrement. Sous son murmure invoquant les forces de la Vie, la feuille tomba en poussière, tandis que la plaie se refermait. Il était temps de revenir vers les sentinelles.
La relève avait déjà eu lieu. Les nouveau guetteurs, protégés par des armures de cuir, ne se cachaient pas derrière les rochers et guettaient la forêt d’un œil distrait. Détendus, apparemment persuadés que l’ennemi ne reviendraient pas, ils firent des cibles faciles pour Rochraël. Elle maîtrisait parfaitement ce tir à présent et deux flèches se plantèrent dans les gorges verdâtres. Deux coups, deux morts. Cette fois, ils attendraient la relève en embuscade, leur tombant dessus au moment opportun pour les éliminer et récupérer l’échelle, leur coupant ainsi toute possibilité de surveiller les alentours. Postés chacun d’un côté du défilé, ils attendirent leur heure.
Un bruit de pas les prévint de l’imminence de l’assaut. Marcus risqua un coup d’œil rapide. Deux orques portaient l’échelle, comme prévu, mais ils étaient accompagnés d’un massif sergent, reconnaissable à sa cape, sa brigandine et son allure imposante. Voilà qui compliquait la situation, à trois contre deux, il fallait changer de plan. Marcus détruirait l’échelle quand les deux sentinelle seraient suffisamment haut pour que toutes deux se rompent les os en tombant. Rochraël en profiterait pour attaquer le Sergent, qui serait alors pris en tenaille entre l’Elfe et l’Humain.
L’officier se plaça devant ses soldat, surveillant le terrain découvert et la forêt. La première sentinelle grimpa à l’échelle. Lorsqu’elle fut à peu près à mi-hauteur, la seconde s’engagea à son tour. Marcus compta silencieusement les secondes, calculant la vitesse des Orques, déduisant la progression de chacun. Soudain, il bondit, passant derrière le sergent totalement incapable de réagir et abattit son arme sur l’échelle, la brisant net. Dans le même temps, Rochraël jaillit devant l’orque hébété, lui décochant deux flèches à bout portant. La première rebondit sur sa carapace, la deuxième s’enfonça profondément dans son épaule gauche, pendant que les deux autres peaux-vertes s’écrasaient au sol en hurlant. Ni une ni deux, il se rua sur l’Elfe, sabre au clair. N’ayant pas le temps de dégainer son arme pour parer, elle roula sur le côté, laissant tomber son arc. Le coup passa au-dessus de sa tête. Profitant de l’opportunité, elle se relevant d’un bond, lardant la mâchoire et la gorge de son assaillant d’un coup de cimeterre. Le deux adversaire s’écartèrent un peu, se jaugeant du regard. Marcus mit ce moment à profit pour attaquer le sergent par derrière, mais son arme glissa sur l’épaisse armure de cuir et de fer. L’Orque envoya un violent coup de poing en arrière, forçant son agresseur à reculer, pendant que retentissait un cor de guerre. L’une des sentinelle avait survécu à sa chute et appelait les autres bandits ! Elle se dirigea ensuite vers l’Initié du Temps qui se prépara à la recevoir.
Rochraël, pensant avoir vu une ouverture dans l’attaque de l’officier sur son compagnon bondit sur le brigand, cherchant à le déséquilibrer et lui planter ses épines dans le corps. Malheureusement, il était bien trop massif pour se laisser dominer de la sorte. Il repoussa l’Elfe d’une simple chiquenaude, riant grassement alors qu’elle tombait lourdement à ses pieds. Sûr de sa victoire, il sauta à son tour, ventre en avant, bien décidé à écraser de toute sa masse cet adversaire couvert de feuille et de glands. Ses yeux rouges se fermèrent à tout jamais sur les yeux fauves de la Grugach, tandis qu’il prenait conscience de la lame de cimeterre sur laquelle il s’était empalé.
Marcus n’avait pas cédé un pouce de terrain à la sentinelle miraculée et ferraillait avec dextérité et technique là où elle répondait par la force et l’instinct. Le monstre était énorme, sans doute un des plus gros de son espèce. Par chance, il avait réussit à l’arrêter, mais le combat devait rapidement prendre fin. En effet, par-dessous l’épaule de son opposant, il avait aperçu au moins huit orques courir dans leur direction. Au coup d’œil suivant, les renforts avaient disparus dans des ténèbres magiques, certainement invoqués par le Drow. Il était urgent d’en finir ! Entendant le râle d’agonie du sergent, un sourire rusé se dessina sur ses lèvres. D’un rapide mouvement du bras, il amena l’arme de l’orque au sol après une parade, le laissant incapable de se défendre contre le cimeterre Grugach qui lui trancha la tête. De suite il attrapa la manche de Rochraël et l’entraîna vers les bois.
- Il y en a au moins huit qui arrivent, on dégage !
Dissimulés dans les fourrés, ils observèrent les orques désemparés devant les morceaux épars de leur seul accès au point de surveillance et les cadavres exsangues de leurs compagnons. Des grognements de colère, de frustration, de dépit s’ensuivirent. Une partie d’entre eux ramena les corps, tandis que l’autre se tint à l’entrée du défilé, frappant sur leur boucliers de leurs armes et vociférant des injures en guise de défi. Pour toutes réponse, ils reçurent deux flèches qui atterrirent à leurs pieds. La troupe, démoralisée, préféra la retraite à la vengeance. Les deux aventuriers se regardèrent, satisfaits de leur ouvrage. En quelques heures à peine, ils avaient fait sept victimes chez l’ennemi. Plus important, ils avaient réduit à néant toute possibilité de guet et avaient sapé leur moral, remplaçant leur confiance par la peur en eux. Demain, il seraient des proies faciles.
Marcus prit le carquois vide que lui tendait Rochraël. Il repartait sur Douhameau chercher Kulit, des munitions, peut-être du renfort. La Grugach elle, restait ici faire le guet. Il ne fallait pas que le peaux-vertes s’échappent ou puissent contacter des alliés. Alors que l’Humain disparaissait dans la canopée, une idée germait dans la tête de l’Elfe. Oui, d’ici demain, la forêt aurait peut-être déjà sa revanche…