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Par Chirine
Conteuse de la Caste des Marcheurs[/align]
-PrologueTout commence avec une vision monstrueuse et un trou noir. Puis le réveil, dans l’autre monde, entourée de la lumière de Solaar… C’est alors que j’ai senti mes blessures et que j’ai su que je n’étais pas sortie du cauchemar.
Mon nom est Chirine et je suis une Conteuse de la Caste des Marcheurs. Comme bien d’autres ce jour-là , j’ai été attaquée par un Monstre de l’Obscur en plein Phénice et je n’y ai échappé que de justesse. Je porterai toute ma vie une cicatrice étrange, un sillon le long de toute ma colonne vertébrale. Je n’ai su que plus tard qu’à cause de cette blessure j’ai failli être corrompue.
Comme ceux qui ont été sauvés ce jour-là , j’ai été conduite à la cathédrale. Là , sous la lumière de Solaar, le Grand Prôneur nous a proposé d'aider Phénice à neutraliser la créature.
Mes compagnons étaient aussi mal assortis que possible : Nihiline, une Erudite de la Caste des Prôneurs, un Veneur de la Caste des Nourrisseurs, un Ferrailleur de la Caste des Fouineurs, Erg, un Défenseur de la Caste des Gardien du feu, et enfin Yavan, un homme presque aussi laid que le Monstre, un Marcheur de Légende qui revenait des Syrthes, loin à l'Est.
Il fallait faire vite : il y avait déjà près de 150 morts, sans compter les gens corrompus : la corruption pouvait se propager très vite. Mais dans notre enquête, nous nous sommes rendu compte que quelqu’un prenait soin de faire disparaître les traces des massacres et les corps : une bonne âme soucieuse d’éviter la panique dans la cité ?
Nous n’avions pas les mêmes buts, cela se sentait. Impossible de savoir ce que pensait Yavan, avec son exaspérante manie de vouloir lancer toute la cité dans la carrière de gardien du feu. Erg, le jeune Gardien du feu était un vrai fanatique du service de sa cité. Le Ferrailleur, tout au contraire, ne pensait qu'aux Lux… Mais malgré nos différences, nous avons réussi à agir à peu près de concert…
Notre groupe a tué la créature après lui avoir tendu un piège dans la Coulée Spirituelle, où le Veneur servait d’appât. Mais j’avoue ne pas avoir beaucoup servi, bien à l’abri à mon poste de guetteur avec la Nihiline. C’est surtout à Erg et Yavan que nous devons cette victoire : ils l’ont abattue, faute de pouvoir la capturer, et le Marcheur a fait ce qu’il fallait pour que la corruption ne se poursuive pas.
Ah oui, une dernière chose. Peu après, j’ai rêvé de cette chasse, et j’ai vu, au milieu du combat, une sorte d’épée de lumière trancher la nuit.
-Danse avec les masquesAu cours de la Triade des Masques, il nous est arrivé une bien étrange histoire qui a failli nous coûter cher mais dont notre ami Erg s’est plutôt bien sorti…
Le premier soir de la fête, alors que nous nous amusions sous nos masques (sauf ce cher Yavan qui s’y refusait avec obstination et qui faisait la tête. Le fait que mon masque lui ressemblait beaucoup y était peut-être pour quelque chose…), nous sommes allés écouter les Airgonautes raconter leurs exploits. Là , un certain Philibur l'Inspiré, complètement ivre, s’est vu lancer un défi par un Tarim Vialam non moins allumé : Allait-il se décider à essayer sa nouvelle machine volante ? Piqué au vif, il releva le défi, entrainant avec lui Erg dans le rôle du courageux (mais suicidaire) passager.
Le lendemain, j’ai fabriqué un beau masque plein de sourires pour Yavan qui a catégoriquement refusé de le mettre. Cet homme n’a pas d’humour…
Mais en fin de journée, nous n’avions plus envie de rire : la rumeur disait que Tarim s’était tué en essayant une aile volante.
Cela sentait fort l’assassinat : aucun Airgonaute ne ferait d’essai sans public. Nous avons cherché Philibur dans toute la ville pour qu’il vienne identifier le corps (que nous n’avions jamais vu sans masque). Coup de théâtre : Philibur certifiait que ce n’était pas Tarim.
Nous avons fouillé les Foyers à la recherche de la famille du disparu, mais en vain. Par contre, c’est nous que l’on cherchait : à la tombée de la nuit, trois hommes nous ont agressés. Nihiline et moi avons été aussitôt mises hors de combat. Heureusement pour nous, Erg et mon Cerbère avaient la tête dure : à eux deux, ils ont renversés la situation et littéralement terrorisé nos agresseurs…
Le lendemain, nous avons découvert que Philibur avait été arrêté la veille par la milice : ce n’était donc pas lui qui avait identifié le corps de Tarim… Il fallait donc inverser les masques : le corps était bien celui de Tarim, et Philbur n’était pas Philbur…
Inquiets pour nos amis, nous les avons contactés par messager. Ils nous ont répondu en nous fixant un rendez-vous auquel nous sommes allés avec prudence.
De fait, la mascarade aurait pu être mortelle : sous les masques de nos amis, il y avait de nouveau des malfrats armés jusqu’aux dents. De toutes façons, j’aurais du voir que cela ne pouvait pas être eux : le faux Yavan portait son masque ! (d’ailleurs il est très bien ce masque, je ne vois pas ce que Yavan lui reproche…)
Là encore, la coopération Erg/Cerbère fit des merveilles et plusieurs geysers de sang.
Nous avons délivré les autres (Yavan fait très bien le saucisson enragé^^) et fait parler les Rôdeurs : ils travaillaient pour Salek Orton, un assassin en cavale qui voulait utiliser la machine volante pour fuir Phénice en prenant la place de Philbur, pendant qu’un de ses complices prendrait la place de Tarim.
C’est donc nous qui avons mené la mascarade le soir du défi, où Salek sous le masque de Philbur croyait voir ses complices sous nos masques. Et c’est ainsi qu’Erg a réussi une brillante arrestation publique d’un dangereux criminel, ce qui lui a valu d'être promu au Rang de Flambeau. Suite à quoi, lui et le vrai Philbur ont testé la machine qui a presque volé, ce qui a valu à Erg d’être la star du jour…
Conclusion : Notre petit Gardien du Feu deviendra grand !
D’ailleurs, il ne s’est pas gêné pour remettre Yavan à sa place, ce qui m’a définitivement convaincue qu’on allait bien s’entendre… Mais je m’arrête là , Yavan pourrait m’en vouloir…
-Un fil à la patteLe Révéré avec lequel tout avait commencé nous avait convoqués dans une taverne de la ceinture de Nux. Une affaire de détérioration des réseaux de filtrage des eaux dans le quartier des Brumes.
En fait, on ne pouvait pas vraiment parler de détérioration : tout au plus des marques de clous dans les tuyauteries. Mais c’est justement parce qu’elles sont inexplicables que ces marques sont inquiétantes : notre enquête a montré qu’il ne s’agissait pas de marques de clous ni d’escalade.
A cela s’est ajoutée l’intervention d’un étrange individu, Monsieur Lambre, qui a proposé de nous aider. Cet homme, Pourvoyeur de son état, savait, ou devinait beaucoup de choses sur nous, tout en parlant par énigmes. D’ailleurs, il nous est impossible d’en faire un portrait. Comme si son évocation elle-même était condamnée à être floue. Seul détail certain : sa canne avec une pierre dans le pommeau. Pour le reste…
Cette énigme n’est pas vraiment résolue. Mais la discussion avec Monsieur Lambre nous a amenés à penser que si ces marques ne renvoyaient à aucune utilité, c’est qu’elles n’en avaient pas pour elles-mêmes, mais pour attirer ou alors détourner l’attention. Dans tous les cas, quelque chose mettant en cause l’autorité de la famille qui gère le château-d’eau, la famille Cascatellé. Dans le doute, nous avons prévenu l’héritière de cette famille, une petite personne explosive qui, à mon avis, saura faire bon usage de nos informations…
C’est aussi au cours de cette enquête qu’Erg a mis son poing dans la figure de Yavan (au lieu de lui demander gentiment d’arrêter de nous cacher des informations…). Du coup, Yavan est allé se noyer dans l’alcool en ma compagnie, et j’en ai profité pour le cuisiner sur Istan et Nople. J’espère qu’il cherchait juste à me faire peur, parce que si ce qu’il m’a dit est vrai…
-From HellNous arrivions tranquillement à la fin du Frige et au début du Gras. Pendant que la cité se préparait à la beuverie générale, un rumeur s’est mise à courir à propos d’un meurtre dans la Nouvelle Coulée. Plus que l’énormité du crime, c’était sa victime qui étonnait : un simple mendiant.
Comme on pouvait s’y attendre, notre Révéré nous a demandé de nous en mêler. L’affaire piétinait du côté des Limiers, menés par Andreas Gùn, et risquait d’être classée. Mais il nous a demandé de cherché le mobile plus que l’identité du meurtrier, avec, pour consigne en cas de danger, de ne pas prendre de risques.
La victime se nommait Broos, abattu trois jours plus tôt d’un coup de poignard dans le dos dans la Coulée de la Fourche. Il travaillait alors près du Dépotoir, ce qui pouvait conduire à soupçonner une bagarre entre mendiants pour de la nourriture ou de l’argent. Il avait été vu pour la dernière fois au repas de midi, et a été retrouvé après le coucher du soleil.
Il n’y avait pas grand-chose à apprendre de l’arme du crime, poignard typique de ce genre de milieu, mais couvert d’encoches à intervalles réguliers. Par contre, on peut se demander pourquoi il a été abandonné dans la blessure…
Nous n’avons rien trouvé dans la baraque que la victime partageait avec d’autres mendiants.
Mais en examinant le lieu du crime, nous avons découvert des traces de pas menant à une sorte de cache vide dans les détritus, comme si quelque chose avait été caché, puis récupéré.
Nous sommes alors allés interroger une personnalité du milieu, Houan Aye l’Edenté . C’est lui qui a découvert de corps en cherchant Broos, avertit par ses colocataires qu’il ne rentrait pas. Nous avons appris alors que Broos travaillait avec un Pourvoyeur au regard malin et à l’allure louche. D’autre part, au début du mois, Broos avait vendu à un Négociant une machine étrange, une sorte de boîte métallique avec un mécanisme, qui a été fondue par la suite.
Il était évident que Broos avait vu ou fait quelque chose qu’il n’aurait pas dû, mais il était difficile d’en savoir plus. Nous avons alors appelé la cavalerie à notre secours, en réclamant Monsieur Lambre par le bouche-à -oreille. Trop occupé, notre homme-mystère nous a envoyé un de ses contacts, Pointe-Lune, un Batisseur qui dirige une des principales forges phéniciennes.
D’après ses informations, Broos a été écharpé pour des raisons politiques. Il travaillait avec des gens à la moralité douteuse et est sans doute tombé sur quelque chose qu’il n’aura pas du voir. Le commanditaire est introuvable, caché dans les Echarpes Pourpres. Ce dont on est sûr, c’est que cet homme est prêt à tuer.
Nous avons donc fait notre rapport au Révéré. Vu les risques, nous préférons ne pas poursuivre l’enquête dans les Echarpes Pourpres. D’ailleurs, nous avons fait ce que le Révéré nous a demandé : déterminer les mobiles.
Mais je dois avouer que nous sommes sortis de cette enquête bien peu satisfaits de ne pas en avoir appris plus. Par contre, à cause de la maladresse d’une Prôneuse dont je ne citerai pas le nom (mais en même temps, il n’y en a pas tant que ça dans notre groupe…), les Limiers ont découvert que nous avions mené l’enquête et que nous avions obtenu plus d’informations. Résultat : alors qu’il nous fallait rester discret, nous voilà fichés chez les Contre-Feux… Je sens que la suite ne sera pas triste…
En tous cas, ce n’est pas pour remonter les Prôneurs dans mon estime… Au moins une chose sur laquelle je suis pleinement de l’avis de Yavan !
-Le péril jeune:Nous étions au début du mois de Nux. J’étais en train de vaquer à mes occupations quotidiennes (c’est-à -dire regarder les autres travailler) quand ça m’est tombé dessus : un bruit, un cri, un corps qui tombe et une ombre qui fuit. A peine le temps de lancer mon chien à sa poursuite avant qu’elle ne disparaisse. Pas grand-chose à faire pour celui qui venait de rester sur le carreau, poignardé au ventre. Tout en appelant au secours, j’ai pris soin de le fouiller, et voyant ce qu’il avait sur lui, je me suis empressée de l’en délester : un morceau de tissu de rueg, et une véritable feuille d’arbre encore verte. Avec Erg nous avons suivi le chien (ou plutôt tracté le chien) à travers le quartier des Echafaudages pour finalement perdre la piste. Grâce au cristal, la victime a été identifiée: Gabar, un fouineur et un indic. Une visite chez sa femme ne nous a pas appris grand-chose qui explique son assassinat. Mais elle avait une tunique taillée dans le même tissu de ce rueg très fin, trouvé par Gabar en travaillant dans les Fumeries du Bocage des Hasardeux. Ce tissu, de très bonne qualité, était sans doute destiné aux filtres des Marcheurs.
Notre enquête sur la plante a révélé qu’elle n’était certainement pas cultivée à Phénice. En tous cas pas de façon officielle. Encore fraiche, assez ronde et très odorante, elle devait pourtant avoir été trouvée quelque par dans le stallite. Elle a suscité des réactions de gêne, en particulier chez le parfumeur Jolius Pacord du Bocage des Fleurs. Et elle allait aussi susciter des réactions plus offensives, comme par exemple ce carreau d’arbalète que notre ami Veneur pris dans la tête, alors que nous rentrions tranquillement d’une soirée passée dans la ceinture de Nux. Il n’en est pas mort, mais a été assez secoué par l’aventure. A mon avis, il y aura des séquelles...
Grâce au rapazz de la Proneuse, l’agresseur a pu être suivi jusqu’au Ghetto oriental. Or, lors d’une expédition avec Yavan sur le dernier lieu de travail de Gabar, les cheminées des Fumeries, nous nous sommes rendu compte qu’il y avait une belle vue sur le Ghetto, et en particulier sur une petite serre. Et c’est ainsi que nous avons découvert que nous avions en notre possession une feuille d’Opiate, drogue puissante interdite hors du ghetto. Cette plante fait partie des secrets jalousement gardés par les Orientaux, ce qui explique l’assassinat de Gabar après qu’il ait volé une feuille.
Il nous fallait passer la main : nous avons prévenu le Révéré. Il a pris contact avec les autorités du ghetto pour leur demander des comptes sur l’assassinat de Gabar et la tentative d’assassinat sur notre Veneur.
C’est la Prôneuse Jélène qui nous a donné le fin mot des négociations. Nous avons eu affaire à un groupe d’extrémistes souhaitant prendre la domination de Phénice. Ils considèrent l’Opiate comme quelque chose de sacré que jamais ils ne partageront avec Phénice. Nous avons appris au passage que le tissu de rueg était bien un élément de filtre, pour éviter de subir les effets de l’Opiate dans les serres.
En assassinant un Phénicien, ces extrémistes ont rompus les accords tacites ce qui est un grave déshonneur pour les autorités du Ghetto. Elles vont donc obliger 200 personnes impliquées à se rendre à Phénice pour être envoyé dans les mines pour plusieurs années.
Ce qui n’a pas été jugé suffisant par Yavan qui semble encore plus mécontent que d’habitude. Pour finir, nous avons eu une étrange discussion avec cette Jélène à propos de flammes et d'ombres. Je ne comprends décidément pas pourquoi nous intéressons tant de monde et ça ne me plait pas du tout. Je voudrais reprendre la route. Je voudrais sortir d'ici.
Solaar cherche futurJe pars. J'ai enfin trouvé une expédition pour sortir des murs où je me sens enfermée. Où Phénice m'a enfermée. J'ai besoin d'aller calmer ma colère dans l'Obscur. J'ai besoin de ne pas trop voir Yavan, pour ne pas lui lâcher mon chien aux fesses. Il s'est bien foutu de nous. Aujourd'hui, nous avons compris certaines choses, et ça me donne envie de vomir.
Tout a commencé avec un enfant qui voulait changer le monde (très bonne initiative), mais qui pour ce faire voulait devenir Prôneur (quelle drôle d'idée...). Après un beau scandale au Domaine et quelques blasphèmes, le petit risquait le bannissement. Pourtant, lui, tout comme moi, a senti que quelque chose ne tourne pas rond dans cette cité. Je suis d'accord avec lui pour dire que certaines choses doivent changer.
Et puis les monstres sont revenus. Le premier (manque de bol pour lui) a croisé le chemin de Yavan qui lui a fait passer l'envie de visiter la cité. Pour l'occasion, le Révéré a enfin daigné nous donner un peu plus d'informations: il y a eu dans les quarante attaques pendant les cent dernières années. Là , c'est la deuxième en moins d'un an. Quelqu'un les aide peut-être à entrer (suivez mon regard jusqu'aux Écharpes Pourpres...). A moins qu'il y ait une source de corruption à l'intérieur-même de Phénice. D'après Yavan, ces monstres ont tendance à se diriger vers la coulée de lave du Quartier des Laves. C'est pourquoi on nous a assigné à la surveillance de la muraille en bas du Quartier des Laves (en plus de notre travail quotidien, ce qui pour moi ne change pas grand chose). Et effectivement, un autre monstre a fini par arriver. Il a fait une meilleure pioche que son prédécesseur: Kinlann et Bertold étaient de garde. Il a réduit en pièces le chien et laissé Kinlann dans une mare de sang, pendant que Bertold avait l'intelligence de fuir. Le temps d'arriver sur place, et nous avons trouvé le monstre en train de s'acharner sur une dalle de soutien de la rivière de lave. La chose (qui n'était pas belle à voir même si elle ne ressemblait à rien) a couché Yavan sur le carreau avant de s'écrouler (notons au passage que Erg s'en est encore sorti sans une égratignure. Il va finir par prendre la grosse tête. Et puis c'est mauvais pour son prestige: une petite cicatrice gagnée au combat, ça fait classe: voyez Yavan). On a mis un temps fou à détruire cette chose (qui, même immobile et dans la lumière ne ressemblait toujours à rien). Et sur la dalle qui l'intéressait tant, nous avons trouvé ce signe étrange:
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Le dessin, reposant sur un équilibre géométrique particulier, renvoie à un des enfants de Phénix, celui qui s'est chargé des premières construction à Phénice. On le trouve ailleurs dans la cité: frappé sur l'arrière de l'autel de la Chapelle des Échafaudages et sur l'autel de la Volière Sacrée. Et ce signe, Yavan le connait. Mais comme d'habitude, il a fait son mystérieux. Il est parti voir on ne sait qui pour savoir si il pouvait nous le dire, puis est revenu pour nous annoncer avec une gravité qui donne envie de lui mettre des claques qu'il fait partie d'une sorte de société secrète, société qui possède soi-disant des armes contre l'Obscur, héritées d'avant le cataclysme, mais qui ne veut pas que ça se sache (là , grosse colère de Erg et je suis bien d'accord avec lui). J'ai horreur du secret, j'ai horreur des gens qui vous font comprendre qu'ils savent et que vous êtes trop minable pour savoir. Nous sommes si peu à avoir survécu au grand Cataclysme et il faut encore que une poignée se réserve le savoir qui revient normalement à tous. Si ils ont les moyens de lutter contre l'Obscur, et qu'ils n'en font pas profiter les autres, alors ils sont responsables de tous les gens tués par ces monstres dans Phénice. Et ça n'a pas l'air de les empêcher de dormir la nuit. Nous avons été manipulés depuis le début. Je déteste qu'on me prenne pour une idiote. J'en viens à regretter d'avoir accepté la proposition du Révéré le premier jour: à cause de cela, on me retient dans cette ville pour des raisons qu'on me cache, sous prétexte que je suis plus utile à l'intérieur alors que je ne glande rien de la journée. Je ne suis pas devenue Marcheuse pour rester entre quatre murs: c'est dehors que je peux servir ma cité.
Je leur en veux. J'ai rompu avec toute ma famille pour faire le métier que j'avais choisi, et voici qu'on m'enlève ma liberté en m'enfermant à nouveau. Et tout cela, sans une vraie explication, avec des mensonges à chaque phrase. Vous pouvez vous la garder, votre société secrète. Moi, je pense lumière, et je n'ai pas envie d'agir dans l'ombre et dans le secret.
C'est pourquoi je pars, j'ai besoin de sortir. J'ai besoin d'affronter l'Obscur pour faire de clair en moi. Et je sais que mes compagnons partagent ma colère. Erg parce qu'il veut protéger sa cité par les armes, la Prôneuse parce qu'elle veut le faire par le savoir. Je crois qu'il va nous falloir un bon moment pour digérer ça. Et le pire du pire, qui m'exaspère et me met en rage, c'est que malgré tous ses mensonges, je n'arrive pas vraiment à détester Yavan.
Allez, je vais voir dehors si j'y suis. Je rentrerai quand je serai calmée. Je vais aller voir si je croise dans l'Obscur ces êtres de lumière qu'un homme défoncé a aperçu pendant la Triade des Masques, dans la fumée lourde d'une Fumerie clandestine.